Dans la tête de Sherlock Holmes . T1 . L’affaire du Ticket Scandaleux – La chronique BD

Sherlock se plonge par ennui dans les abysses de la cocaïne quand un étrange événement survient. Un policier amène un collègue de Watson, en chemise de nuit, avec une pantoufle rose de femme au pied. L’homme ne se souvient de rien et a la clavicule cassée. Et voilà Sherlock parti sur une nouvelle enquête, car de fil en aiguille, il va découvrir qu’un curieux trafic se met en place au cœur de Londres.

Si l’intrigue est curieuse et qu’elle donne envie de voir la suite, il faut reconnaître que Holmes tue tout le suspense. Il est tellement performant qu’on a à peine le temps de le suivre et de réaliser ce qui se passe. Les investigations se déroulent comme sur un tapis roulant et selon nous il y a très peu de tension dramatique, et aucune inquiétude pour l’instant sur les risques encourus par Holmes et Watson. Ce que nous trouvons dommage.
Là où ce récit prend une tournure surprenante, c’est sur l’aspect graphique.

Benoît Dahan, Cyril Lieron / Ankama

Benoît Dahan nous immerge complètement dans la tête de Holmes. Par un graphisme et une composition de pages tourbillonnantes. A travers un fil rouge auquel s’accroche tous les indices récoltés par l’homme de Baker Street, et que nous suivons visuellement tout au long des pages du récit, les méninges de Holmes se décomposent, se dilatent, se fractalisent presque pour nous faire miroiter l’intérieur de la tête de l’enquêteur. Jouant sur une sorte de grenier spirituel, où se trouvent des malles avec tous les éléments nécessaires aux échafaudages d’hypothèses de Sherlock.

Pièces de maison où l’enquêteur se promène pour en sortir les éléments de ces théories, cases reliées par le fameux fil rouge et où l’on se perd, se demandant s’il faut suivre l’ordre naturel de lecture ou bien le fil qui se dévide de bande en bande. Mots qui s’entassent autour du visage concentré du héros. Tout est bon pour refléter la réflexion et les déductions, et tout fonctionne. Si l’on peut se tromper dans le sens de lecture, ça ne surprend pas, car nous sommes loin de turbiner aussi vite que le détective. Cette composition reflète comment tout s’imbrique dans le labyrinthe mental de Holmes, dans cette mansarde, comme il dit, qu’est son esprit. Et dans ces lieux, nous ne sommes que de pauvres Watson errant et essayant de retrouver le fil rouge et comment l’exploiter.

Dans la tête de Sherlock Holmes - L’affaire du Ticket Scandaleux est un régal de lecture, par ses choix graphiques qui nous plongent vraiment dans les rouages intellectuels de Holmes. L’intrigue, si platement démonté par le détective, perd de son mystère et la tension dramatique manquante n’empêche pas d’avoir envie de connaître le fin mot de l’histoire et d’attendre avec impatience de lire le second tome de ce diptyque.