Le 18 avril 2007

Après "Marie couche-toi-là" et "Marie va à l’église", voici maintenant "Marie s’en va-t-au cinéma" et "Marie s’en va-t-en guerre" ! Cela donne froid dans le dos...
Après « Marie couche-toi-là » et « Marie va à l’église », voici maintenant « Marie s’en va-t-au cinéma » ! Cela donne froid dans le dos...
La religion et ses petits désastres : la manipulation des esprits faibles et l’intégrisme exacerbé d’une certaine Amérique puritaine sont au centre de l’actualité cinéma de la semaine. Jesus Camp, le documentaire nominé aux Oscars, raconte comment des milliers d’illuminés du terroir américain sont prêts à partir en guerre contre le monde impie et les mœurs contemporaines. Ces groupes intégristes évangélistes représentent une manne économique et un poids politique conséquents qui n’est pas étranger à la réélection ubuesque de George W. Bush aux élections présidentielles américaines de 2004 et auront encore leur mot à dire lors des prochaines exécutives, au grand désespoir du reste de la population, blessé par l’image déplorable que donnent ces allumés de la Bible à l’étranger. Aussi, alarmées par la violence intérieure du pays qui déchirent la nation par ses contradictions, entre tolérance totale et nihilisme religieux, Heidi Ewing et Rachel Grady ont plongé leurs caméras dans la démence des groupes évangéliques et les tourments de leurs transes collectives où l’on élève les plus jeunes au mépris et à la haine de ceux qui sont différents d’un modèle recalculé à partir de figures religieuses ancestrales. L’armée de Dieu est en marche et cela donne froid dans le dos. Un vrai film d’horreur !
Hasard des programmations, la Warner lance parallèlement Les châtiments un film d’épouvante religieux qui nous plonge dans l’archaïsme et la précarité intellectuelle de cette même Amérique profonde. Sauf que cette fois-ci l’œuvre dégage en plus un relent de conversion religieuse déplacé. Entre sa condamnation du sectarisme et son message de salvation des âmes (il faut croire brave gens si vous voulez être sauvés !), l’amb guïté plane sur ce film conçu visiblement pour séduire les mécréants et les fidèles et les regrouper tous ensemble dans la même salle, pour ne pas perdre des spectateurs en cours de route. Une série B sinistre qui montre que le désir de courtiser l’Amérique qui fâche n’est pas seulement l’apanage de la droite républicaine réactionnaire. Il s’avère aussi bien ancré à Hollywood, pourtant historiquement à gauche mais toujours prêt à flirter avec ceux qu’il méprise, pour quelques dollars de plus.