Les nouveaux soldats de Dieu ou de Bush ?
Le 19 septembre 2011
Foi et pouvoir ou le dangereux mélange de genres du mouvement évangélique américain. Un documentaire qui fait frémir.


- Réalisateurs : Heidi Ewing - Rachel Grady
- Genre : Documentaire, Politique
- Nationalité : Américain
- Date de sortie : 18 avril 2007

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– Durée : 1h25mn
Foi et pouvoir ou le dangereux mélange de genres du mouvement évangélique américain. Un documentaire qui fait frémir.
L’argument : Les familles que l’on voit dans le film représentent une force électorale influente qui fait de plus en plus entendre sa voix dans la vie culturelle et politique américaine.
Elles préparent non seulement le retour de Jésus, mais elles s’apprêtent également à "reprendre le pouvoir en Amérique au nom du Christ", entraînant avec elles leurs enfants.
Des enfants qui attendent de recevoir la parole divine, et s’agitent, en transes, comme possédés, quand l’Esprit Saint parle en eux ; des mômes qui maudissent Harry Potter - parce qu’un héros sorcier est une chose sacrilège ; des gamins qui vénèrent le leader de leur pays, et embrassent son effigie en carton...
Notre avis : Il n’est jamais trop tôt pour recevoir la parole de Dieu. Telle est la philosophie du pasteur Becky Fischer. A l’instar des extrémistes islamistes, cette chrétienne évangélique pense que l’avenir repose entre les mains de la jeunesse, qui représente un bon tiers de la population mondiale. D’où le ministère auquel elle se consacre depuis quinze ans, le Kids in ministry international. Son entreprise spirituelle s’apparente à une véritable machine de guerre. Ses ouailles ne sont d’ailleurs rien d’autre, selon elle, que des soldats de Dieu.
Tout le talent d’Heidi Ewing et de Rachel Grady, les réalisatrices de Jesus Camp, est d’avoir réussi à pénétrer, en toute liberté, la planète évangélique américaine et d’en parcourir les zones d’ombre. Tout particulièrement son influence politique de plus en plus inquiétante et disproportionnée. Voir par exemple le cynisme renversant d’un pasteur de Colorado Springs, la mégapole évangélique, qui se dit fier de constater que "quand les chrétiens votent, ils déterminent les élections."
La sincérité des familles et du pasteur Fischer s’oppose au jeu de pouvoir auquel se livrent les responsables du mouvement évangélique. En nous faisant voir des enfants en transe - état dû plus à un stress émotionnel qu’à une onction divine - et qui prient pour George Bush, chrétien évangélique lui-même, les réalisatrices ne dénoncent rien. Ce qu’elles font, c’est montrer, tout simplement, pour donner à réfléchir sur un mouvement religieux qui rassemble plus de 80 millions de personnes sur les 224 millions de chrétiens que comptent les Etats-Unis.
Se demander s’il n’y a pas mieux qu’un lieu appelé Devil’s Lake (lac du diable) pour organiser un camp d’évangélisation est un bon début. La suite, sans jamais se permettre de juger, nous immerge totalement dans un univers à peine croyable, qui laisse une impression inquiétante, voire terrifiante. Jesus camp - qui a été nominé aux Oscars - est un documentaire comme on les apprécie, nous ouvrant les yeux subtilement, sans nous assommer de ses certitudes. Un film hautement recommandable et intelligent, à voir pour comprendre ce que le mot "dérive" signifie.