Critique : Embauché comme libraire à sa sortie de prison en 2005, Reginald Dwayne Betts endosse également le rôle de passeur de savoir, en créant un club de lecture pour adolescents noirs, convaincu de la puissance « magique de cette activité, capable de transformer les mots en réalité ». En parallèle, il poursuit ses études dans le but de devenir avocat, puis sera nommé par le président Obama comme consultant sur la réforme de la justice des mineurs.
Voici le parcours atypique d’un homme dont la jeunesse fut mouvementée, mais pour qui les remords et les regrets se sont transformés en art : la poésie.
Il n’est jamais simple d’apprécier à leur juste valeur les poèmes d’un auteur traduit, mais on ne peut contester la force et la détermination de l’oeuvre de Betts. Bien qu’il n’ait jamais nié ses actes, le poète n’en dénonce pas moins la manière dont le système américain cherche à endiguer certaines questions sociales, notamment lorsqu’elles concernent la communauté noire. En effet, les enfants (premières « victimes » de ce système) sont directement traduits en justice devant les tribunaux pour adultes, et non pour mineurs.
Outre ses poèmes, Reginald manie également le caviardage, technique consistant à reprendre des documents légaux faisant état d’arrestations de citoyens, tout en masquant certains passages afin d’en faire ressortir un élément fondamental : l’injustice.
Les mots sont une arme et Betts entend bien les retourner contre ceux qui en usent avec zèle, au détriment des réprouvés.