Après Court Serpent, magistral de cruauté drolatique, Bernard du Boucheron nous propose un nouveau voyage. A travers les méandres de l’âme masculine celui-là, qui trouve dans la chasse à courre un théâtre à sa mesure.

À la veille de la Première Guerre mondiale, deux hommes s’affrontent pour les yeux bleu glacier d’une belle chasseresse. Tous deux cavaliers d’exception, veneurs orgueilleux et grandioses, ils devront aller jusqu’à leurs extrêmes limites respectives pour se départager, dans une lutte où l’enjeu est l’âme plus que le simple amour d’une femme, aussi désirable fût-elle.
Bernard du Boucheron, avec ce second roman, réitère la prouesse de son premier ouvrage, Court Serpent. Grâce à un mélange de brutalité et de poésie sensuelle, à une maîtrise impeccable de son sujet, aussi, il réussit à entraîner le lecteur dans un univers typé, crypté même, qui lui était jusqu’alors étranger.
On a beau ne rien connaître, voire ne rien vouloir entendre à la chasse à courre, on entre dans Coup-de-fouet dès les premières phrases et l’on est ensuite hypnotisé de bout en bout par le rythme singulier, par la description de rituels quasi mystiques, par le mystère surtout, qui règne sur les chasses autant que sur le cœur des hommes et que du Boucheron ne commet pas l’erreur de trop déflorer. Son audace consiste en effet à ne rien expliquer. Le lecteur se retrouve ainsi plus ou moins volontairement mêlé à ce récit aux résonances magiques. Car c’est en soi, surtout, qu’on ira chercher les réponses à toutes les questions laissées en suspens par l’auteur.
Coup-de-fouet, peuplé d’armes et traversé de défis, de cris de guerre, imprégné de sang et de sueur, demeure un roman éminemment masculin. C’est à la fois sa limite et son intérêt presque anthropologique pour la moitié féminine généralement moins belliqueuse de l’humanité.