L’Aventure intérieure
Le 19 décembre 2014
L’un des films les plus originaux et discrets de 2014 arrive en DVD chez Shellac Sud. L’occasion d’une séance de rattrapage de l’un des rejetons les plus personnels de Michel Gondry.
- Réalisateur : Michel Gondry
- Acteurs : Noam Chomsky, Michel Gondry
- Genre : Documentaire, Animation, Expérimental
- Editeur vidéo : Shellac
- Durée : 1h28mn
- Titre original : Is the Man Who Is Tall Happy?: An Animated Conversation with Noam Chomsky
- Date de sortie : 30 avril 2014
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- Année de production : 2013
- Sortie DVD : 4 novembre 2014
L’un des films les plus originaux et discrets de 2014 arrive en DVD chez Shellac Sud. L’occasion d’une séance de rattrapage de l’un des rejetons les plus personnels de Michel Gondry.
L’argument : À travers une série d’entretiens, Michel Gondry illustre, au sens propre comme au figuré, les théories de Noam Chomsky, ainsi que les moments personnels que Chomsky révèle, dans un film d’animation, où la créativité et l’imagination de Gondry se mettent au service de la rigueur intellectuelle de Chomsky.
Le film :
Passé plutôt inaperçu en 2014, Conversation animée avec Noam Chomsky compte à ce jour parmi les films les plus personnels de Michel Gondry. Que l’on apprécie ou non les théories de Noam Chomsky, ce voyage aux confins de l’abstraction et de la poésie vaut largement le détour, d’autant plus que l’ensemble est accessible. Et si ce petit film bricolé était l’une des œuvres les plus radicales de 2014 ?
La critique ICI
Les suppléments :
"Animating Noam Chomsky", un making of réalisé par Jordan Kinley (9 mn)
Depuis sa maison-atelier, dans le quartier de Brooklyn à New York, Michel Gondry se plie à l’exercice de l’entretien. L’occasion pour le touche-à-tout de raconter sa façon d’animer les concepts de Chomsky, qu’il considère comme le plus grand scientifique encore en vie. Pour ce faire, Gondry indique qu’il aime conserver les erreurs d’interprétation, les animations brinquebalantes. De quoi accompagner aussi, une fois en mouvement, la construction de la pensée du spectateur. Même en illustrant le point de vue d’un autre, le réalisateur souligne avoir une liberté totale pour le mettre en image. À cet effet, celui-ci part d’un simple point sur une feuille blanche, qu’il grossit petit à petit au fil des captures pour donner vie à l’animation. Crucial, le papier a permis de donner une texture cinématographique, une fois les pages filmées en 16 mm. D’autre part, il a fallu que l’encre des feutres ne soit pas tout à fait sèche pour donner cette impression.
Gondry raconte que l’abstraction lui a semblé le meilleur moyen pour donner vie aux digressions de Chomsky, en rendant à la fois hommage à la complexité du personnage, tout en évitant de trop simplifier.
Afin d’intégrer les personnages animés dans des espaces donnés - une pièce, une chambre -, le cinéaste a d’abord photographié les lieux en question, pour ensuite les passer en négatif afin de dessiner par-dessus, avant de les repasser en positif. Résultat : un dessin en négatif et une photo qui reste positive. Pourquoi le dessin ?, se demande-t-il : pour communiquer avec les gens, les faire sourire et toucher leur âme d’enfant.
Gondry aura rencontré Noam Chomsky sur une période de 5 ans, plusieurs fois par an, pour mener à bien son projet. Décrivant un homme avenant et humain, l’artiste loue l’aspect politique défendu par le philosophe, qui prône un monde meilleur et regrette notamment le musellement des plus jeunes via la discipline, l’obéissance et l’apathie. Et d’affirmer qu’il est possible de résister face à cette coercition passive-active.
"L’usine de films amateurs", documentaire + entretien réalisé par Ariane Rousselier (15 mn)
Michel Gondry pense pour la première fois à l’usine de films amateurs en utilisant la caméra super 8 de son père, dans les années 1970. Avec ses frères, ils se réunissent et créent des fausses news, des faux clips. Gardant en mémoire cette madeleine, Gondry a cherché un moyen de réunir les gens pour retrouver cette joie qu’il ressentait étant jeune.
En pratique : regrouper 15 à 20 décors sur une surface donnée - des décors volontairement génériques pour raconter le plus d’histoires possibles - : cuisine, couloir, petite forêt, l’intérieur d’une voiture, l’extérieur avec une ville, l’intérieur d’un train avec un décor qui défile, etc. Idée : permettre à tout un chacun de constituer des groupes et d’écrire un scénario en communauté, de tourner le film avec une caméra numérique, et de le monter dans le même temps sans postproduction. Le résultat est projetable tout de suite après. À noter que cette formule s’était notamment installée un temps à Beaubourg, mais est également passée par Tokyo, Moscou, Sao Paulo, New York, Johannesburg, Rotterdam ou encore Casablanca.
En amont, deux ateliers de 45 minutes permettent aux participants de créer l’histoire - l’encadrement est léger. Le premier consiste dans un premier temps à trouver un genre, un titre, et à être en mesure de raconter une histoire en une douzaine de phrases - comme s’il s’agissait de raconter un film à un ami. L’objectif du second est de transcrire ces phrases en scènes, et de décider qui va jouer quoi. À noter cependant qu’il n’est pas possible de se proposer pour un rôle : ce sont les autres membres de l’équipe qui doivent choisir. Enfin, c’est à ce moment que les décors sont définis.
Ensuite, le tournage s’étend sur environ une heure. Chacun sait déjà ce qu’il va faire, et c’est l’enchaînement des séquences qui va donner la cohérence à l’histoire que l’on tente de raconter.
À noter que Gondry précise qu’il n’a pas la prétention d’apprendre quoi que ce soit du cinéma avec L’usine des films amateurs. Il ne s’agit pas d’une boîte de production, et il n’est en aucun cas question pour le réalisateur d’y repérer des talents. Le protocole de Gondry repose finalement sur un système anti concurrentiel, où seuls comptent la démocratie et l’aspect ludique. Dans le cas des classes ayant participé à l’atelier, les élèves doivent s’autogérer, sans aucun contrôle du professeur. Gondry s’oppose ainsi grâce à son dispositif aux contraintes de la société, et tente de créer un espace pleinement démocratique. Une formule qui se rapproche dans une certaine mesure des valeurs prônées par Noam Chomsky…
L’image :
Un grain d’image suffisamment dépouillé pour donner corps à la texture souhaitée par Michel Gondry. Très bien de ce côté, donc.
Le son :
Rien à dire de ce côté. Ce n’est évidemment pas en regardant ce film que l’on mettra à l’épreuve son nouveau home cinema 5.1, bien qu’un encodage Dolby Digital soit prévu à cet effet. Conformément aux bricolages classiques de Gondry, l’enregistrement de l’entretien a un effet home made amusant.
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