Colonisation T.1 . Les naufragés de l’espace - La chronique BD

Nous sommes au XXIIIe siècle. Aidée par une civilisation extraterrestre bienveillante, les Atils, l’humanité est parvenue à coloniser de nombreux mondes. Toutefois, de nombreux vaisseaux partis explorer l’univers avant les premiers contacts avec les extraterrestres demeurent introuvables. Ceux-ci sont devenus des cibles pour des contrebandiers appelés « écumeurs » dans la saga. C’est pour retrouver ces premiers colons que l’Agence – sorte de gouvernement inter-spatial dont on sait relativement peu de choses – forme des unités d’élites qui sillonnent l’univers en quête de leurs traces. Ce premier tome introductif nous plonge in medias res dans une intervention menée par une équipe de cadets devancée par des des contrebandiers bien décidés à récupérer les capsules dans lesquelles voyagent des premiers colons endormis depuis des dizaines d’années…
Ce premier tome recèle deux points forts qui le distinguent de nombreux récits similaires. Un scénario efficace d’abord, servi par des dialogues moins verbeux qu’attendu, qui parvient à la fois à introduire l’univers et à boucler de manière satisfaisante le récit de cette première mission, le tout en 48 pages. Signalons ici une originalité scénaristique : durant leur voyage, les premiers colons sont plongés ensemble dans une réalité virtuelle parallèle, si bien que le récit alterne entre monde réel et cet univers parallèle, non sans que s’effectuent des connexions entre eux. La construction de ce premier tome laisse entendre que chaque album sera centré sur le récit d’une mission de cette même unité.

Planche qui se déroule dans l’univers virtuel parallèle au récit central de Colonisation, dans lequel apparaît Clarence pour la première fois - ©Glénat Filippi/Cucca

Le dessin de Vincenzo Cucca constitue le deuxième atout de ce tome introductif. Les décors sont soignés et diversifiés, et l’aspect – sans doute un peu trop - métallique de certaines planches est contrebalancée par l’exploration de mondes à la végétation florissante. Les planches situées dans l’espace sont bien réussis, comme le démontre la très belle couverture.

©Glénat Filippi/Cucca

Un défaut toutefois : la difficulté à s’attacher aux protagonistes de l’aventure, tant ceux-ci manquent pour l’instant de relief. Si les décors sont très réussis, le design et le background des personnages auraient mérité un traitement plus élaboré. Seuls Clarence, premier colon retrouvé par l’équipe, et dans une moindre mesure de la chef d’équipe Milla Aygon ressortent quelque peu d’un album qui nous présente toute une unité. Difficile toutefois de mener à bien ce travail en seulement 48 pages. Gageons que ce défaut sera rectifié dans le deuxième tome, prévu pour avril 2018.

Ce premier album constitue une entrée en matière plutôt réussie dans l’univers imaginé par le prolifique Denis-Pierre Filippi, que l’on retrouve également à la manœuvre dans Mickey et l’océan perdu, en dépit de quelques défauts qui ne devraient pas gâcher le plaisir des amateurs de science-fiction.