Le 31 mai 2018
Le Thêatre de la Ville présente hors les murs, à la grande halle de la Villette, un spectacle de danse contemporaine de la compagnie Cloud Gate Dance Theatre. Import made in Taïwan, cette oeuvre élargit notre sensibilité à l’actualité de la création chinoise.
- Genre : Opéra, ballet & danse
- Plus d'informations : www.site.cloudgate.org.tw/eng/theater
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Résumé : Au XVIe siècle, en approchant des côtes de Taïwan, les marins portugais ne purent contenir leur admiration :« Formosa ! », « magnifique ! » s’écrient-ils. La nouvelle création du chorégraphe Lin Hwai-min pour le Cloud Gate Dance Theatre s’inspire de la terre et des coutumes chinoises. Les gestes, écrits et chants de l’île en sont la matière première. Formosa célèbre le grand cycle de l’amour et de la vie. On s’attache ici à développer une esthétique de la souplesse et de la rondeur par opposition aux lignes droites qui marquent la danse académique orientale, et puise son énergie dans le sol. Un lyrisme tout en sobriété, un hymne vivant à ce que la culture chinoise a de plus précieux et de plus raffiné.
Notre avis : Concernant l’origine de fabrication des objets que nous consommons, nous avons tous lu à leur revers : "Made in Taïwan". En point d’entrée commerciale de l’Asie pendant des décennies, l’île chinoise est aussi terre d’une culture autonome et dynamique. La compagnie de danse Cloud Gate, à l’export au Thêatre de la Ville, nous ouvre la porte des nuages avec son spectacle Formosa.
- LIU Chen-hsiang
- Cloud Gate Dance Theatre of Taiwan
Quelles langues, la création chinoise parle-t-elle aujourd’hui ? Quelles sont ses spécificités et comment nous, spectateurs occidentaux, pouvons-nous l’apprécier ?
Dans cette création chorégraphique de Lin Hwai-min, quatre langues expriment Formosa. Celle de la narration, dite en chinois par une très belle voix grave d’homme mûr. Il module sa diction d’un poème jusqu’au chant. Son interprétation douce, comme si il se parlait à lui-même, nous place dans l’espace de ses pensées intimes. A l’entendre, on se croirait marchant en sa compagnie le long des rizières. Le texte poétique qui est traduit simultanément dans la salle, décrit son bonheur des choses simples, du spectacle de la nature. On est à cent lieues des images de Tai Pei, la capitale de l’île, forêt high-tech de gratte-ciels clignotants.
Au récit, vient s’ajouter au milieu du spectacle, la seconde langue, celle de la musique. L’espace sonore s’emplit de percussions, de cymbales nasillardes. Un orchestre de gongs et de hochets vient rythmer les volutes des danseurs.
La troisième langue employée par le metteur en scène est celle des idéogrammes dont les images tapissent la scène. Sur cette scène grise, épurée, à contrario de l’image tortueuse et luxuriante d’une chine de laque rouge et noire, des projections de mots délimitent les espaces, les étendent, les bouleversent. Le spectateur ne sachant les lire, profite au moins de la beauté calligraphique et du jeu des effacements de cette mousson de signes.
- LIU Chen-hsiang
La dernière langue, la plus importante, est celle de la danse. Il faut dire d’emblée qu’une certaine finesse d’interprétation nous échappe du fait que cette relecture du patrimoine chorégraphique chinois nous est inconnu. On peut distinguer néanmoins, certaines poses et gestes qui appartiennent spécifiquement à cette tradition. En premier lieu, le pied formant un angle droit avec la jambe alors que tout l’apprentissage classique occidental vise à l’aligner jusqu’à la pointe du chausson. En second lieu, des volutes que font les bras, s’enroulant comme les pales d’une éolienne dans le vent, façon kung-fu. En dernier, une position basse du centre gravité des danseurs qui est obtenue par la flexion des jambes à l’équerre. En dehors de ces éléments tirés du qi-qong ou d’une autre pratique corporelle orientale, le spectacle a une couleur internationale voir universelle.
- LIU Chen-hsiang
La compagnie, magnifique de vitalité, interprète de manière croissante au cours des scènes, les hommes dans la quiétude des paysages jusqu’à leur panique dans la tempête de l’océan. Une danse qui est tantôt accumulation de solitudes et tantôt mouvement de groupes. Rien de bien différent des autres compagnies sinon que l’homogénéité des groupes semble poussée à l’extrême, parfois de façon aussi fascinante que les gesticulations des tentacules d’un poulpe. Plus facilement préhensible par l’attention, la fin de l’œuvre qui décrit la tempête, le combat avec les éléments, est plus spectaculaire et nous gagne. Mais voilà, l’heure a passé, le ras de marée tant craint submerge la scène. Le rideau se clôt, pourtant s’ouvre pour nous un nouveau monde à explorer.
Cinq siècles après l’aventure coloniale des portugais qui découvraient l’île avec enthousiasme, Formose est à Paris quelques jours pour conquérir nos cœurs.
A voir, à lire, à danser !
Concept et chorégraphie : Lin Hwai-min
Récitation : Chiang Hsun
Musique : Kaija Saariaho, Liang Chun-mei, Sangpuy Katatepan Mavaliyw
Lumières : Lulu W.L. Lee
Costumes : Apu Jan
Cette tournée a été rendue possible grâce aux fonds du Ministère de la Culture - République de Chine (Taïwan) et du Ministère des Affaires Etrangères - République de Chine (Taïwan)
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