Le 18 janvier 2011
- Réalisateur : Clint Eastwood
Le dernier Easwood est-il bon ? Euh...
Le dernier Easwood est-il bon ? Euh...
Depuis 1955 et la série B La revanche de la créature qui allait parfaitement à son physique de jeune premier, Clint Eastwood a, à peu près, tout fait. Des feuilletons, du western spaghetti d’anthologie (Pour une poignée de dollars, Et pour quelques dollars de plus et Le bon, la brute et le truand qui le consacrent vedette mondiale), le justicier urbain (la franchise initiée par Don Siegel des Inspecteur Harry)...
Comédien froid qui préfère l’action virile aux comédies (Doux, dur, dingue et son orang-outan tout de même, 1978), son sérieux d’aplomb ne sera jamais remis en question, même quand il s’agit, très vite, de réaliser son premier film : Un frisson dans la nuit (1972). Ce thriller paranoïaque en dit long sur le personnage qui se trouve des affinités avec Hitchcock. Plus de trente films plus tard, il n’a jamais cessé de réaliser, de produire ou de jouer. Voire même de composer !
Le maître d’orchestre capable de quelques navets (l’imbuvable Firefox en 1981) intrigue de par ses idées, souvent conservatrices, mais qui malgré tout l’obligent à se mettre en danger et à se questionner. Le cavalier solitaire d’Hollywood, respecté par tous, prend des risques d’humanité (le bide inaperçu Honkytonk man sondait la détresse de l’alcoolisme avec pudeur), jusque dans le traitement de ses passions (le jazz dans Bird en 1987). Tantôt Impitoyable (Oscar du meilleur film et réalisateur !), tantôt sentimental dans Sur la route de Madison, il déchaîne les passions, notamment en France où il trouve la rédemption avec quelques-uns de ses plus gros échecs personnels (Un monde parfait, L’échange ou encore Invictus).
Conviant souvent des vedettes dans son univers (Meryl Streep, Angelina Jolie, Matt Damon, Charlie Sheen, Morgan Freeman...), le papy de Space Cowboys reste pourtant la seule figure à vraiment ressortir d’une oeuvre entièrement bâtie sur sa figure longiligne un peu sévère.
Avec les décennies le bonhomme devient tellement énorme de gloire et de légende qu’il bat ses propres records sur le tard : Million dollar baby, son 25e film en tant que réalisateur, est un triomphe et Eastwood reçoit une fois de plus des Oscar. Gran Torino, cinq ans plus tard, en 2009, est le plus gros succès de sa carrière et remet en question le fameux conservatisme du bonhomme.
Intouchable le Eastwood ? Pas tout à fait, deux films sur trois sont des échecs, mais la critique le suit toujours. Avec Au-delà qui sort ce mercredi sur nos écrans, les choses changent un peu. De l’avis général, le cinéaste donne dans le mélo humaniste un peu mou. Sa fable contemplative manque de chair, d’âme et de passion. Christophe Butelet, notre rédacteur, est ressorti un peu vide de cette oeuvre som(nifère) qui démarre comme un blockbuster américain avec effets spéciaux : il dévoile un tsunami, comme le ferait la nouvelle génération de cinéastes férues d’effets spéciaux ! Un besoin de démesure qui sied bien aux scènes de stade et de foule de son Invictus qui, tout de même, par certains aspects manquait d’humilité.
Sur cet arrière-goût de déception, on vous laisse vous faire votre avis de "fan" sur Au-delà, le dernier Eastwood, où vous aurez le plaisir certain de retrouver Cécile de France. Sa présence y est un petit miracle, n’est-elle pas après tout la moins américaine de nos actrices ? D’aspect, de ton, de carrière, mais surtout de nom... Sacrée Cécile, jusqu’au bout elle nous étonnera.
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