Le 5 novembre 2014
Le bon, la brute et le truand est l’apothéose qui clôt le cycle de ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui la "trilogie des dollars".
- Réalisateur : Sergio Leone
- Acteurs : Clint Eastwood, Lee Van Cleef, Eli Wallach, Luigi Pistilli, Antonio Casas, Aldo Giuffrè, Chelo Alonso, Livio Lorenzon, Mario Brega, Aldo Sambrell, Rada Rassimov, Enzo Petito, Al Mulock, Antonio Molino Rojo, Ricardo Palacios, Jesús Guzmán
- Genre : Western, Film culte
- Nationalité : Espagnol, Italien
- Distributeur : Park Circus France
- Editeur vidéo : Fox Pathé Europa
- Durée : 3h00mn
- Date télé : 23 septembre 2024 21:05
- Chaîne : France 3
- Reprise: 5 novembre 2014
- Titre original : Il buono, il brutto, il cattivo
- Date de sortie : 8 mars 1968
Résumé : Pendant la guerre de Sécession, trois hommes, préférant s’intéresser à leur profit personnel, se lancent à la recherche d’un coffre contenant deux cent mille dollars en pièces d’or volés à l’armée sudiste. Tuco sait que le trésor se trouve dans un cimetière, tandis que Joe connaît le nom inscrit sur la pierre tombale qui sert de cache. Chacun a besoin de l’autre. Mais un troisième homme entre dans la course : Setenza, une brute qui n’hésite pas à massacrer femmes et enfants pour parvenir à ses fins.
Critique : On disait alors le western un genre peu transposable à l’étranger. Sergio Leone s’est chargé de prouver le contraire, et pas qu’un peu ! 1964 : il accepte de tourner - en Espagne - Pour une poignée de dollars dans des conditions financières misérables. Le succès est inversement proportionnel aux maigres moyens alloués au réalisateur inconnu. Deux ans et un film plus tard (Et pour quelques dollars de plus), il est un cinéaste fêté auquel est confié un budget colossal pour Le bon, la brute et le truand, apothéose qui clôt le cycle de ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui la "trilogie des dollars". C’est qu’en ce très court laps de temps, Leone a pulvérisé les codes du genre, avec son style à lui dont la grammaire baroque se décline à partir d’un attirail de règles immuables : plans-séquences étirés en longueur, immenses silences, utilisation du grand angle, zooms arrière et travellings à profusion, le tout soutenu par une musique lancinante, celle de son compère Ennio Morricone. C’est la révolution. D’autant que les histoires de Leone (et, ne l’oublions pas, de son coscénariste Sergio Donati) ne ressemblent à rien de ce qu’on a vu jusque-là. Ses personnages crasseux et cyniques sont d’abominables créatures, auxquelles il serait difficile de donner le nom de héros. N’ayant que le profit pour objectif - et peu leur importent les moyens d’y parvenir - ils sont prêts à tout.
Ainsi avancent, pour le pire et jamais pour le meilleur, le bon, la brute et le truand, improbable trio d’affreux, dans un monde impitoyable, immoral, cruel et rempli d’un humour sardonique, sortant leur pétoire pour un oui ou un non, faisant fi de tous les sentiments, même de l’amitié. Jusqu’au dénouement final, fantastique duel à trois dans un cimetière, scène d’anthologie qui marquera la fin de la collaboration entre Clint Eastwood et Sergio Leone. Le comédien craignait de se laisser enfermer dans un archétype mais plus tard, devenu réalisateur, il rendra hommage au western spaghetti, et de manière appuyée puisqu’il incarnera à nouveau, dans L’homme des hautes plaines, l’homme sans nom qu’il fut à trois reprises pour Leone. Quant à ce dernier, il tournait la page également pour s’attaquer à une nouvelle série, tout aussi culte aujourd’hui : celle des "il était une fois".
Test DVD/Bluray
Superbe édition collector qui renferme le chef-d’œuvre de Sergio Leone dans une version inédite. Quinze minutes supplémentaires ont été retrouvées, nettoyées, réintégrées dans le montage initial. Pour info, Clint Eastwood est retourné en studio de post-synchronisation pour doubler son personnage, tant le son des scènes déterrées était calamiteux. Un très beau travail de restauration pour un très beau DVD.
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noodles 15 novembre 2004
Le bon, la brute et le truand - Sergio Leone - critique
dsl, je viens encore pr critiquer !
la critique du dvd laisse à desirer... Déjà, les doublages ont du etre refait pr les scenes ajoutées (dont la grande majorité se trouvait déjà ds l’ancienne édition, mais pas integrées ds le film) car ces scenes n’ont étées ds le film jusqu’à présent que pdt les premiers jours d’exploitation en italie. Comme le son n’était pas pris sur le tournage, et que les doublages initiaux ont étés faits sur la version "courte", il n’y a jamais eu de son autre qu’italien pr ces séquences. C’était une petite précision :)
Ensuite, autre critique, la qualité de ces nouveaux doublages laisse à désirer en français ; on n’accepte les nouveaux doublages en anglais simplement parce que clint et eli sont revenus les faire, mais ça choque qd même...
D’autre part, l’insertion d’une de ces nouvelle scenes (celle de la grotte) est baclée comme c’est pas permis : fondu au noir, plus de son pdt une seconde. On dirait une coupure pub. Scandaleux, surtout que vu comment commence la scene de la grotte, on pouvait très bien utiliser un simple cut.
Sinon, très content de la qualité de l’imlage et du son (on entend enfin les clochettes pdt le morceau "extasy of gold" et surtout, la réplique "quelle ingratitude qd je pense au nb de fois ou je t’ai sauvé la vie" n’est plus coupée, comme c’était le cas sur la précédente edition).
Pr les bonus, rien de fantastique, à part la reconsitution précise de la scene de soccoro, dont on a bcp entendu parler... le reste est réservé au fans uniquement (moi) et aux passionés d’histoire militaire.
giridhar 29 janvier 2006
Le bon, la brute et le truand - Sergio Leone - critique
Dans l’Ouest sauvage, pendant la guerre de Sécession, trois hommes vont se retrouver sur le chemin d’un chargement d’or volé aux troupes : un bandit de grand chemin, Tuco (Eli Wallach) ; un féroce moustachu, qui honore toujours ses contrats, Sentenza (Lee van Cleef) ; un chasseur de primes aussi beau que taciturne et rapide de la gachette, Joe (Clint Eastwood). Question à mille euros : qui survivra ?...
Après avoir fait ses premières armes de réalisateur dans l’histoire ancienne romancée ("Le Colosse de Rhodes" en 1961, et "Sodome & Gomorrhe" de Robert Aldrich, en 1962), Sergio Leone franchit quelques siècles et se retrouve, pour notre plus grand plaisir, dans l’ouest américain à l’époque héroïque des chasseurs de primes et des pistoleros en tous genres. "Pour une poignée de dollars" (1964) promettait déjà. "Et pour quelques dollars de plus" (1965) confirmait grandement l’innovation stylistique de l’auteur. Mais c’est avec "Le bon, la brute, le truand", que Leone parvient véritablement à imposer un genre profondément original qui verra son apothéose dans "Il était une fois dans l’ouest" (1968).
Si la complexité, le foisonnement, l’abondance de rebondissements que recèlent certains scénarios, contribue souvent à l’intérêt ou à la réussite de l’oeuvre, Leone prouve ici magistralement qu’une intrigue squelettique ne nuit pas forcément au résultat ! Loin de là ! A partir d’un canevas ultra simpliste, se déroule devant nos yeux, pendant deux heures dix, une espèce de pantomime jubilatoire entre trois personnages, dont les confrontations multiples s’ornementent de toutes sortes d’habits événementiels et psychologiques : agressivité, ruse, hypocrisie, calcul, bêtise, sadisme, ironie... On pourrait presque se croire, par instants, dans un univers de farce théâtrale, s’il n’y avait pas les giclées de sang et l’intervention régulière de la Camarde...
Dès l’ouverture du film, la patte du réalisateur éclate dans toute sa majesté originale : une étendue désertique, le sifflement du vent, un village abandonné, un chien qui traverse le cadre, et, bien évidemment, quelques trognes patibulaires, aux trais burinés, filmés en gros plans. Le détail infime au coeur de l’immensité. L’étirement du temps, présent ici par intermittence, atteindra sa pleine expansion dans "Il était une fois dans l’ouest".
L’homme, sous ses différentes formes, est omniprésent. C’est à peine si une femme apparaît quelques secondes au tout début. Pourtant, malgré l’extrémisme des tempéraments que laisse supposer le titre, les différences entre les trois compères est fort mince. Tous sont attirés par l’or, tous tuent sans états d’âme, et, si Joe semble, par nature, exempt du sadisme de Sentenza, sa "bonté" est néanmoins fort relative. Caractérisées avec une simplicité absolue, une bouffonnerie qui ne sombre jamais dans le pastiche ou le ridicule, et une efficacité de chaque instant, les personnalités se complètent délicieusement. Si Sentenza fait figure de méchant pur et dur, Tuco ("ugly", c’est-à-dire plus "moche" que "truand"), affligé de neurones passablement rouillés, mythomane pittoresque, voire désopilant (sa chevauchée dans le désert avec son ombrelle est inoubliable !), finit, malgré sa bêtise, ou grâce à elle, par générer une certaine sympathie.
Théâtralisation des rapports, des postures, des affrontements, opposition de personnages logorrhéiques ou taciturnes, rôle primordial des regards qui se montrent, bien souvent, beaucoup plus expressifs que des paroles, tout dans cette approche novatrice (à l’époque) du western classique semble aujourd’hui d’une évidence magistrale. Et quelle musique !