Butch Blossom & le Sundance Kid
Le 26 octobre 2015
Exemple typique d’élève modèle qui aligne avec rigueur tous les clichés du cinéma indépendant américain, Chu & Blossom parvient, malgré son manque d’originalité, à atteindre partiellement sa cible grâce à une réalisation percutante et un duo charismatique.
- Réalisateurs : Charles Chu - Gavin Kelly
- Acteurs : Alan Cumming, Melanie Lynskey, Caitlin Stasey, Charles Chu, Ryan O’Nan
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Date de sortie : 28 octobre 2015
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Exemple typique d’élève modèle qui aligne avec rigueur tous les clichés du cinéma indépendant américain, Chu & Blossom parvient, malgré son manque d’originalité, à atteindre partiellement sa cible grâce à une réalisation percutante et un duo charismatique.
L’argument : Joon Chu, étudiant coréen à l’anglais hésitant, participe à un programme d’échange international. À peine remis de la perte de son frère, il se retrouve coincé dans une petite ville américaine où il est entraîné dans la folie douce de Butch Blossom, un artiste non-conformiste et visionnaire. À la recherche d’un équilibre dans leurs vies personnelles, entre famille, amour et amitié, Joon et Butch trouvent ensemble un nouvel élan de créativité pour s’ouvrir au monde.
- © Wayna Pitch
Notre avis : Issu de l’amitié du trio quasi-inconnu Gavin Kelly, Charles Chu et Ryan O’Nan, Chu & Blossom, en plus de proposer un casting de seconds rôles prestigieux, se veut également un hommage évident aux grands créateurs de la scène indépendante américaine. À la croisée des chemins de Wes Anderson, John Waters (tendance Pecker, classique sous-estimé) et American Beauty, le long-métrage qui nous intéresse est une histoire classique de passage à l’âge adulte au sein d’une petite ville américaine paumée, repaire d’affreux rednecks incultes et incapables de comprendre l’art profond qui habite le duo principal ainsi que leur sentiment de révolte. Une caricature américaine éculée, maladroite et qui fait rarement sourire. Difficile après tout de passer après tous les maîtres en la matière. Le film ne s’arrête pas là dans les facilités scénaristiques, puisque nous avons également droit à un nouvel exemple horripilant de manic pixie dream girl, dont la perruque rose est certainement empruntée à Ramona Flowers (Mary Elizabeth Winstead dans Scott Pilgrim), qui nous offre une romance bateau vite oubliée dans la conclusion du film. Chu & Blossom est une œuvre de jeunesse de créateurs bien intentionnés qui tentent clairement d’émuler leurs prédécesseurs mais qui sont dépassés par la tâche. Pourtant, tout n’est pas à jeter, loin de là.
Lorsque le film oublie de sombrer dans la caricature et se penche sur l’histoire d’amitié des deux personnages centraux, la formule fonctionne. Les comédiens Charles Chu et Ryan O’Nan se révèlent très charismatiques et amusants et leur rencontre improbable, si elle manque clairement d’originalité, est néanmoins crédible et touchante. Le choc culturel Corée du Sud / USA est l’occasion de quelques dialogues piquants, certainement autobiographiques puisque l’acteur Charles Chu est également co-scénariste. L’histoire de Joon Chu, géant désespérément perdu dans un pays trop grand pour lui et étouffé par les désirs de ses parents et le souvenir de son frère disparu est l’un des rares éléments du film qui ne semble pas forcé et offre même un point de vue original, malheureusement un peu dilué par les nombreuses scènes de morale où tous les personnages secondaires lui conseillent de « suivre ses rêves ».
Si le film déçoit d’un point de vue narratif, son visuel est néanmoins très bien troussé. Filmé dans un beau 2.35 très élégant et maîtrisé, Chu & Blossom enchaîne via un montage reposant de beaux tableaux colorés. Le co-réalisateur Gavin Kelly, dont c’est le premier long-métrage en tant que metteur-en-scène, a déjà fait ses preuves en tant que directeur de la photographie sur de nombreux projets et cela se voit, car il est doté d’un excellent œil. Au-delà des deux acteurs principaux, le film s’offre la présence de quelques grands noms tels que Alan Cumming (malheureusement en roue libre dans son personnage d’oncle gay cliché) et surtout la merveilleuse Melanie Lynskey (inoubliable dans Créatures Célestes). Au final, Chu & Blossom se révèle être une copie estudiantine très appliquée sur le plan visuel mais terriblement conventionnelle sur un plan scénaristique. Le long-métrage laisse néanmoins entrevoir de jolis talents naissants via son duo d’acteurs et on espère que par la suite ils parviendront à transformer cet essai car ils démontrent d’un potentiel évident.
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