Choke - La critique

Premier film de Clark Gregg et deuxième adaptation d’un bouquin de Chuck Palahniuk, Choke n’est pas le choc attendu mais une sage parabole de la condition humaine, non dénuée d’intérêt.

L’argument : Mancini, ancien étudiant en médecine et accro au sexe, est figurant dans un "musée vivant". Hanté constamment par ses fantasmes et dépendant du sexe, il arpente les réunions , autant pour avoir des relations sexuelles que pour se guérir.

Notre avis : Malgré tous nos efforts sincères et une volonté de fer, il est très difficile, voire impossible, de ne pas comparer Choke à Fight club, même dix ans après. D’ailleurs personne ne parle de ce film comme étant le premier réalisé par l’acteur Clark Gregg mais plutôt comme étant la deuxième adaptation cinématographique d’un roman de Chuck Palahniuk après...Fight club et avant Haunted. Hélas cette comparaison forcée ne plaide pas en faveur de Choke, œuvre déceptive, même si l’on peut glaner ici ou là quelques idées et trouvailles déclenchant un enthousiasme embryonnaire.
Le problème majeur de ce premier long, c’est qu’il s’agit justement d’un premier essai. Gregg avance à tâtons, ne sachant pas sur quel pied danser et ne possédant manifestement pas encore la maîtrise et le savoir-faire nécessaires pour faire décoller l’ensemble. Son film a l’air fauché et nu comme s’il ne s’agissait que d’une ébauche, la moelle d’un projet plus ambitieux dont la densité enivrante et les oripeaux esthétiques auraient pu rivaliser avec le regard de David Fincher. Ceci est dû, en partie, à une réalisation certes moins tapageuse que celle de l’auteur de Zodiac mais dont le relief équivaut parfois à celui d’une planche à pain. On note également une étonnante propension à la chasteté à cause de cadrages pudiques qui diluent la truculence de certaines scènes, réduisant l’œuvre à une forme de politesse de provocation assez éloignée de l’univers de Palahniuk. Ainsi le récit progresse sans surprise, pollué qui plus est par des flashback d’enfance attendus.
Pourtant, malgré ces défauts, on prend un certain plaisir à voir évoluer ces personnages attachants, des marionnettes paumées prisonnières des entraves psychiques, psychologiques et physiques avec lesquelles nous devons composer pour nous accomplir en tant qu’êtres humains au sein d’une société qui, à l’image de l’évolution du personnage de Rockwell, ne laisse d’autres solutions aux « valets » que de devenir des stars adorées par des fous... Les dialogues sont souvent affûtés et les situations comiques et triviales savoureuses malgré la réserve évoquée plus haut. Le film s’emballe après les deux twists finaux et le couple Rockwell/Macdonald s’humanise quelque peu avant un dénouement en apesanteur rehaussé par un morceau sublime de Radiohead. Trop tard, diront certains. Sans doute, mais cela permet de porter rétrospectivement un jugement plutôt favorable sur ce premier essai.