Lorsqu’il regarde en arrière sur la vie qu’il a menée, lorsqu’il se demande quel vent l’a poussé sur cet itinéraire-là, celui des Chemins d’écriture, Jacques Lacarrière utilise le mot de "hasard". Pour celui qui sa vie durant s’est intéressé aux grands mythes antiques, le hasard invoqué, on ne sera pas surpris, est celui de l’intention divine. Même si, perplexe, il se demande s’il saura un jour de quel "qui" ou quel "quoi" il peut s’agir. Cependant, même si le hasard a joué son rôle, il était chez lui accompagné d’une nécessité vitale, celle de l’écriture. Réfléchissant au pourquoi de cette vocation - petit enfant déjà il écrivait des poèmes -, Lacarrière qui est la modestie faite homme, balaie l’ambition d’un revers de main. S’il écrit, c’est "pour chercher l’Autre en soi (ou peut-être le Soi des autres)". Merveilleuse définition...

Depuis l’éblouissement de sa découverte de la Grèce - il avait un peu plus de vingt ans - il n’a cessé d’arpenter le vieux bassin méditerranéen et de mettre en récits, romans, essais, poèmes ses rencontres artistiques, littéraires, mythologiques, géographiques, historiques et surtout humaines. Car tout n’est que rencontres chez Lacarrière, qu’il fait partager avec bonheur. Jamais abscons, jamais sibyllin, jamais pédant, c’est un spécialiste à l’humilité rare, un écrivain qui sait se mettre à hauteur fraternelle avec ceux qui le lisent. En revenant dans ce livre sur les moments-clés de son existence, l’auteur de L’été grec ou de Chemin faisant ouvre, comme il a toujours su le faire, des portes chaleureuses. Des portes qui permettent à ses lecteurs de mieux le connaître, de l’accompagner dans la genèse de ses livres. Et, surtout, grâce à son humanisme lumineux, à la générosité avec laquelle il offre son savoir et ses questionnements, de mieux se connaître.