Chante ton bac d’abord - la critique du film

Entre documentaire et film musical, Chante ton bac d’abord ne parvient pas à trouver sa voie malgré un portrait sincère de la jeunesse boulonnaise, à l’épreuve du doute.

L’argument : Chante ton bac d’abord raconte l’histoire tumultueuse d’une bande de copains de Boulogne-sur-mer, une ville durement touchée par la crise. Un an entre rêves et désillusion. Imaginées par ces adolescents issus du monde ouvrier ou de la classe moyenne, des chansons font régulièrement basculer le réel dans la poésie, le rire et l’émotion. © Bodega Films

Notre avis : Rôdé au reportage et au genre documentaire, David André (La Vie amoureuse des prêtres, produit en 2011 et diffusé sur France 2) tourne cette fois-ci sa caméra vers les adolescents de Boulogne-sur-Mer dans une société française en crise économique et sociale. Les adolescents filmés ayant grandi avec cette crise, qui est sur toutes les lèvres et dans tous les discours, l’enjeu du documentaire est bien de savoir s’ils rêvent encore et malgré tout, en pensant à leur avenir. Ce qui ressort d’emblée de ce projet documentaire, c’est l’intérêt sincère du réalisateur pour les adolescents boulonnais. Gaëlle, Nicolas, Alex, Rachel et Caroline sont filmés sans ironie dans leurs joies et leurs peines, ce qui permet au documentaire de proposer un regard neuf sur la jeunesse d’aujourd’hui. Proche de ses sujets, le réalisateur a su faire naître progressivement une complicité qui participe à l’intérêt du documentaire. Les protagonistes, que l’on sent d’abord réticents et hésitants, se livrent peu à peu lors des séances d’interview face caméra, prenant de l’assurance et se prenant au jeu des confidences. © Bodega Films
L’année du baccalauréat devient l’année du doute autant que de l’espérance face à un avenir incertain. Si les jeunes cherchent leur chemin à tâtons, leurs parents semblent - pour la plupart - tout aussi dubitatifs face aux envies d’orientation de leur enfant, mais finissent tout de même, sans surprise, par se laisser convaincre. En cela, le film montre de façon positive que les espoirs de nos adolescents ne s’évaporent pas si aisément.
Si la partie documentaire s’avère être plutôt convaincante dans sa démarche, les intermèdes musicaux du film seraient susceptibles de laisser le spectateur des plus sceptiques dans la mesure où la mise en scène de ces moments, voulus poétiques, s’apparente davantage à un périlleux numéro d’équilibriste. Alex, le punk de la bande, chantant dans une église - faisant du contraste entre le personnage et le lieu un élément clé de la mise en scène dans un manque de finesse qui met le spectateur mal à l’aise - ou encore Rachel montant son cheval et essayant de le maintenir tant bien que mal face à Gaëlle tout en interprétant sa chanson sont autant de séquences qui tombent à plat et peinent à toucher le spectateur tant leur réalisation parait maladroite, se cherchant encore entre réalisme et théâtralité. Autre point que l’on pourrait reprocher au documentaire : à l’âge où les amis sont plus que jamais considérés comme une seconde famille, le film montre peu la cohésion au sein du groupe d’ados, dont les membres paraissent rester relativement distants les uns par rapport aux autres, et ce malgré les nombreuses scènes communes. © Bodega Films
Fidèle à son motif principal, le film se termine lui aussi sur une incertitude : forts d’avoir obtenu leur baccalauréat, rite moderne marquant la fin de l’adolescence, les désormais futurs jeunes adultes s’engagent chacun dans leur voie. Si le destin estudiantin de Gaëlle, Caroline et Alex se révèle être à peu près assuré, on ne sait finalement pas ce que deviennent les autres jeunes du casting, Nicolas et Rachel, après l’obtention de leur fameux bac. Un documentaire qui laisse donc au spectateur comme un goût d’inachevé.