Gens de Naples
Le 17 octobre 2005
A la limite du roman et du scénario, un portrait d’une rare justesse de la déliquescence intellectuelle.
- Auteur : Giuseppe Montesano
- Editeur : Métailié
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À la limite du roman et du scénario - recours quasi systématique au dialogue et au discours indirect, absence presque totale de narration -, Giuseppe Montesano dresse néanmoins un portrait d’une rare justesse de la déliquescence intellectuelle.
A Naples, les affaires reprennent. Fini le commerce à l’ancienne, le binôme employés-patrons, les méthodes mafieuses traditionnelles, place à l’économie de masse, aux nouvelles technologies, à la comédie tout azimut et à la fête carnavalesque ! Chaque individu se mue désormais en entreprise individuelle. Les Negromonte, rois du pétrole dans la région, en ont décidé ainsi. Et ce qui plaît aux Negromonte a force de loi, surtout quand il s’agit de procéder à la multiplication des billets de banque. Il y a bien des récalcitrants comme Cardano, le gendre dandy, qui passe son temps à cracher sur le système, à leur mettre le nez dans leur propre inculture, à pondre de grands discours sur l’inutilité de la vie, à faire l’apologie d’Oscar Wilde, son modèle, et du beau pour le beau mais il ne renoncerait pour rien au monde à sa dose d’opium quotidienne, à ses robes de chambre, à ses chemises sur mesure et à ses cravates en soie payées par sa femme Negromonte. Au milieu de tous ces analphabètes, il pourrait même servir de caution intellectuelle au projet faramineux de transformer la ville éternelle en parc d’attraction. Après le capitalisme et la lutte des classes, la nouvelle économie et le sucrage des cerveaux.
Avec Cette vie mensongère, on croirait voir Naples mourir. Giuseppe Montesano accompagne la marche d’un monde où tout se vaut, les loisirs, l’exhibitionnisme, la bêtise ont fini par devenir les fondements. Bonnes ou mauvaises, les idées n’ont de valeur en soi qu’à partir du moment où elles peuvent être vendues. Et l’humain, de se retrouver plus que jamais au bord du précipice de l’histoire. Le message sonne juste, le grotesque jaillit à chaque répliques de ces branquignols qui ont pris le pouvoir, les références littéraires, bibliques, philosophiques, foisonnent. Alors pourquoi cette alternance de dialogues et de discours indirects, ce quasi rejet de la narration ? Surtout qu’elle ne cache pas une ambition cinématographique ou, pis encore, télévisuelle... Elle ne collerait vraiment pas avec le paysage.
Giuseppe Montesano, Cette vie mensongère (Viquesta vita menzognera, traduit de l’italien par Serge Quadrupanni), Métailié, coll. "Bibliothèque italienne", 2005, 216 pages, 18 €
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