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Le 12 juillet 2005
Magie de la correspondance amoureuse, maternelle et professorale.
Magie de la correspondance amoureuse, maternelle et professorale entre Marina Tsvetaeva, trente-six ans, et Nicolas Gronski, dix-huit. Entre le génie et la pureté. "Ayant embrassé un enfant, je devenais tout à fait du même âge que lui."
Ça commence de façon pour le moins classique, à la limite de l’ennui : "je regrette que vous ne m’ayez pas trouvée" ; "je pars demain à cinq heures" ; "je vous attends non pas samedi mais dimanche", etc. C’est normal. Pendant ce temps-là, ils ne cessent pas de se voir et doivent se méfier d’un mari qu’il convient de respecter et d’une société russe de Meudon (pas celle d’Auteuil) qui n’est sans doute pas prête à accepter une relation entre un jeune homme tout juste sorti de l’adolescence et une mère de famille deux fois plus âgée. Rien donc ou presque avant ce fameux mois de juillet 1928 quand Marina Tsvetaeva établit ses quartiers d’été à Pontaillac près de Royan. C’est alors que les "vous" et les "tu" se mélangent vraiment, que les langues se délient, que la plume devient plus sincère et si on ne dit pas tout, on s’approche de "cette chose-là". "Et je parle néanmoins parce qu’encore vivante je vis."
Elle n’est pas reconnue sauf des plus grands (Pasternak, Rilke). Il cherche à devenir poète et cache un talent inaccompli derrière une érudition d’élève appliqué. Peu importe, elle trouve dans Gronski l’être le plus pur qui soit, le dernier amour d’une éternelle amoureuse. Gronski doit la rejoindre et cette attente attise encore un peu plus le désir. Derrière les lectures que l’on partage, les cadeaux que l’on s’envoie, la chambre que l’on réserve ou la conversation que l’on maintient parfois artificiellement se cache cet espoir insoutenable qui en dit peut-être plus que le plus beau des mots doux. "Mais toi écris - aussi souvent que tu veux, sur ce que tu veux, je lirai tout à travers (comme je lirai toi, moi - à travers le poil de chat et les puces). Ne t’étonne pas si la lettre suivante est différente ; aujourd’hui, j’écris seule dans la maison. Sache tout pour toujours." Il y a aussi toutes les leçons que l’amante-mère Tsvetaeva adresse à son fils-fiancé Gronski, leçons d’esthétique donc de vie et inversement. Mais on est encore à mille lieux (vestres) des lettres qu’ils s’échangeront autour du 1er septembre. Il s’agit d’un paroxysme que seule Tsvetaeva peut atteindre dans ce genre d’affaires. "Une douleur. Non pas dans la gorge, non pas dans la poitrine, nulle part."
Marina Tsvetaeva & Nicolas Gronski, Cet été-là, Correspondances 1928-1935, Editions des Syrtes, 2005, 329 pages, 24 €
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