Le 16 août 2024
Le dernier volet de la Trilogie marseillaise comporte quelques-uns des plus beaux dialogues du cinéma français et confirme la singularité de la démarche cinématographique de Marcel Pagnol, réalisateur majeur.
- Réalisateur : Marcel Pagnol
- Acteurs : Pierre Fresnay, Raimu, Édouard Delmont, Orane Demazis, Fernand Charpin, Robert Vattier, Marcel Maupi, Paul Dullac, Odette Roger, Rellys, Milly Mathis, André Fouché
- Genre : Comédie dramatique, Noir et blanc, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Français
- Distributeur : Carlotta Films, Les Films Marcel Pagnol
- Durée : 2h21mn
- Reprise: 24 juillet 2024
- Date de sortie : 11 novembre 1936
L'a vu
Veut le voir
– Reprise en version restaurée : 24 juillet 2024
Résumé : Fanny, abandonnée par Marius, a épousé Panisse qui a adopté Césariot, l’enfant de l’amour, et l’a élevé comme son fils. Aujourd’hui, Césariot est adulte et Panisse se meurt. Fanny révèle la vérité à son fils qui décide alors de partir à la recherche de Marius, son père…
LA TRILOGIE MARSEILLAISE : MARIUS
LA TRILOGIE MARSEILLAISE : FANNY
Critique : Dernier volet de la Trilogie marseillaise, César fait suite à Marius et Fanny. Mais cette fois-ci, Pagnol assure lui-même la réalisation, et le scénario a d’abord été écrit pour le cinéma avant de devenir une pièce de théâtre. Une autre singularité de César est que l’action semble se situer dans les années 1930, décennie de tournage des films, ce qu’attestent les costumes des protagonistes, alors que vingt ans se sont écoulés depuis le début la naissance de Césariot, le fils de Fanny. Pourtant, cela ne nuit en rien à la crédibilité de son récit, renforçant même le caractère intemporel de sa morale, en dépit de l’évolution des mœurs. Car César, au même titre que l’ensemble de la trilogie, est une belle réflexion sur les sacrifices familiaux, le sens du devoir, mais aussi la priorité de l’amour, au-delà des conventions sociales. Et jamais Pagnol n’a été aussi proche de Renoir par son respect des personnages, « chacun ayant ses raisons », selon l’expression de l’auteur de La règle du jeu. C’est le cas de Panisse (Fernand Charpin), qui s’est certes marié avec une jeunette dans le désarroi, mais a éprouvé un amour profond pour son épouse et le fils de celle-ci. On peut à cet égard souligner que le traitement de la relation avec un parent non biologique annonce des longs métrages plus récents, comme Tel père, tel fils ou Le roman de Jim.
- Orane Demazis, Pierre Fresnay
- © Carlotta Films
Concernant Fanny (Orane Demazis), sa jeunesse a été sacrifiée au nom des carcans sociaux, mais elle ne désespère pas de vivre un jour avec son amour de jeunesse. César (Raimu) s’est certes éloigné de son fils mais à la suite d’un malentendu et souhaite sincèrement son bonheur. Son filleul Césariot (André Fouché) a le sentiment d’avoir été trahi par la communauté mais son égoïsme de façade cèdera la place à la bienveillance. Quant à Marius (Pierre Fresnay), il exprime ouvertement le sentiment qu’on lui a jadis volé son fils et sa fiancée, même s’il reconnaît la bonté de Panisse. Ce petit théâtre des sentiments ne tombe pourtant jamais dans l’angélisme ou la mièvrerie, grâce à des dialogues exquis qui font partie de la légende du cinéma, et d’un mélange des genres que seul Pagnol osait à l’époque. Les moments les plus sombres sont ainsi teintés de fantaisie. C’est le cas lorsque Panisse confesse au prêtre ses coquins péchés de jeunesse sur son lit de mourant, et ce devant ses proches, où lorsqu’une canicule oblige les hommes de la communauté à mettre leur chapeau en suivant, à pied, le corbillard du vieil homme…
- Paul Dullac, Robert Vattier, Marcel Maupi, Raimu
- © Carlotta Films
Mais l’émotion est vraiment présente quand, à l’occasion d’une énième partie de cartes, un plan s’attarde sur une chaise vide, celle occupée naguère par le disparu. Il faut ici à nouveau préciser qu’au niveau de la mise en scène, Pagnol confirme, après Angèle, et avant Regain ou La femme du boulanger, que son art ne peut pas être réduit à du « théâtre filmé ». La modernité de ses plans fixes (les explications entre César et Césariot), les gros plans sur le visage en pleurs de Fanny, où la réussite des rares séquences en extérieur (l’escapade en bateau, au départ du port de Marseille) confirment des choix de réalisation évidents et pertinents, qui tranchent avec l’académisme de nombreuses productions de l’époque. Enfin, on se réjouira de la galerie des nombreux « excentriques » dont les apparitions constituent parfois des digressions saugrenues. On citera Paul Dullac en Escartefigue farceur, Robert Vattier en Lyonnais distingué, ou Marcel Maupi en chauffeur malin. Gros succès à sa sortie en salles, César doit être visionné après les deux autres films. Le public français peut (re)découvrir la trilogie dans les salles en 2024, grâce au distributeur Carlotta qui en propose une version restaurée.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.