Raimu et Pagnol à leur sommet
Le 8 juin 2024
Adapté d’une nouvelle de Giono, ce récit d’un adultère est le meilleur film de Marcel Pagnol. Raimu en boulanger désespéré y trouve son plus beau rôle.
- Réalisateur : Marcel Pagnol
- Acteurs : Ginette Leclerc, Raimu, Édouard Delmont, Charles Blavette, Fernand Charpin, Robert Vattier, Marcel Maupi, Alida Rouffe, Maximilienne, Paul Dullac, Charles Moulin, Robert Bassac, Odette Roger, Julien Maffre
- Genre : Comédie dramatique, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : Carlotta Films, Les Films Marcel Pagnol
- Durée : 2h13mn
- Date télé : 19 avril 2024 23:00
- Chaîne : France 5
- Reprise: 24 juillet 2024
- Date de sortie : 7 septembre 1938
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– Reprise en version restaurée : 24 juillet 2024
Résumé : Dans un village de Haute Provence, un boulanger récemment installé découvre un matin que sa jeune femme est partie avec un berger. Il décide de faire la grève du pain tant que sa femme n’est pas revenue. Le village se mobilise pour pouvoir retrouver sa boulangère.
Critique : Après Angèle, Marcel Pagnol adapte à nouveau Jean Giono en portant sa nouvelle à l’écran. Il retrouve Raimu, avec qui il avait partagé le triomphe de sa trilogie marseillaise. Un Raimu grandiose, émouvant et drôle, jusque dans son prodigieux cabotinage (la scène de la soulerie). Pagnol est fidèle à son sens du récit privilégiant les longs dialogues et le plan-séquence, s’inscrivant dans un cinéma de la parole représenté en France par des artistes aussi différents que Sacha Guitry ou Éric Rohmer. Les décors naturels de la Provence s’insèrent dans un dispositif qui se rapproche du rituel théâtral, de par le découpage, les entrées et sorties du champ des personnages, ainsi que, bien sûr, la profusion du texte.
- Ginette Leclerc, Charles Moulin
- © Carlotta Films
L’adultère, au centre de l’histoire, permet à Pagnol de valoriser à nouveau le thème du pardon, moins au sens religieux (malgré le discours final du curé) qu’humaniste. La misogynie du dénouement, qui voit le boulanger insulter une chatte revenue au bercail, car n’osant pas s’adresser à son épouse prise de remords devant lui, doit être replacée dans le contexte de l’époque et ne saurait étiqueter Pagnol au rayon des cinéastes moralistes... Les grenouilles de bénitier (savoureuse Maximilienne) et le prêtre borné (exquis Robert Vattier) sont d’ailleurs renvoyés à leur mesquinerie, encore que la générosité du réalisateur leur accorde des circonstances atténuantes. « Ceux de qui la conduite offre le plus à rire sont toujours sur autrui les premiers à médire », écrivait Molière. La femme du boulanger, maintes fois diffusé à la télévision à une époque révolue où le noir et blanc n’effrayait pas le prime time, se déguste plan par plan, réplique par réplique, Pagnol n’oubliant pas de mettre en valeur le moindre second rôle, jamais réduit au statut de simple faire-valoir.
- Paul Dullac, Raimu, Odette Roger
- © Carlotta Films
Loin des machineries de Claude Berri et autres cinéastes actuels se servant de l’univers de Pagnol pour filmer des numéros de stars, La femme du boulanger met l’accent sur un cinéma de troupe : de la dispute entre l’instituteur et le prêtre au sujet de Jeanne d’Arc à la révélation interminable de Maillefer dit Patience (Édouard Delmont), en passant par le sermon paternaliste du marquis (Fernand Charpin) ou l’engueulade d’un garçon berger, « escagasseur de réputation », c’est toute une série de situations cocasses révélant l’amour du métier de comédien. Ginette Leclerc en boulangère adultère conquit ses galons de vedette qui lui permirent d’incarner à jamais la « garce » du cinéma français.
– National Board of Review, USA 1940 : Meilleur film étranger
– New York Film Critics Circle Awards 1940 : Meilleur film étranger
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