Le 18 janvier 2019
Mal accueilli à sa sortie, ce mélodrame intense est d’une beauté et d’une intelligence remarquables.
- Réalisateur : Vincente Minnelli
- Acteurs : Robert Mitchum, Eleanor Parker, George Peppard , George Hamilton, Everett Sloane, Luana Patten
- Genre : Drame, Aventures, Romance
- Distributeur : Metro-Goldwyn-Mayer
- Editeur vidéo : Warner Home Video
- Durée : 2h30mn
- Box-office : 749 625 entrées France / 104 206 entrées P.P.
- Titre original : Home from the Hill
- Date de sortie : 5 mai 1961
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– Année de production : 1959
Résumé : Un grand propriétaire du Sud tyrannise sa femme, son fils légitime et celui qu’il a eu d’une liaison.
Notre avis : Des herbes hautes, qui semblent desséchées. Un travelling les parcourt, s’arrête sur un chien et des hommes en attente, dont l’un qui souffle dans un appeau. Passe un vol de canards ; au moment de leur tirer dessus, Wade est victime d’un coup de feu et sauvé par Rafe. Le fautif est vite arrêté, et identifié comme un mari jaloux cocufié par Wade. Il ne s’est passé que quelques minutes dans cette ouverture magistrale, et déjà les éléments essentiels de la narration sont en place : la chasse, Rafe comme protecteur, la violence et le jeu sur la dissimulation. Comme en écho, la fin reprendra cette situation de base, mais de manière plus dramatique.
Wade, c’est Robert Mitchum, parfait en patriarche sûr de lui et respecté : Minnelli prend soin de le cadrer en statue imposante, sur son fauteuil au milieu de ses chiens ou assis à son bureau. Il règle, ordonne, il sait. Sa femme au contraire, interprétée comme une héroïne de mélodrame par Eleanor Parker, paraît souvent en sur-cadrage ou écrasée par le décor. Elle est pourtant moins fragile qu’on ne le croit, même brisée par des années d’infidélité : elle aura ses scènes, comme pendant le banquet où elle se refuse une fois de plus à son mari. Il y a enfin les deux fils, l’ « officiel », Theron, faible et gâté par sa mère, et Rafe, le bâtard non reconnu, ombre de Wade. Sur ces cinq personnages, auquel on peut ajouter la frêle Libby, Minnelli bâtit une grande tragédie qui vise à contester la famille, vue ici comme le lieu des secrets, des ressentiments et de la faute. Rien de très joyeux donc, et, même si de rares séquences semblent légères (par exemple quand Rafe invite Libby pour Theron), elles sont ruinées ou contredites par la suite immédiate (en l’occurrence, Theron est rabroué par le père de Libby).
Celui par qui le scandale arrive est aussi un grand film sur l’humiliation : chaque personnage lutte contre le sentiment d’être humilié en une chaîne implacable. Rafe et Hannah le sont par Wade, Wade et Libby par Theron, et le père de Libby par un groupe d’hommes. Quand l’un d’eux semble se sortir du sentiment d’infériorité, c’est pour mieux se fracasser sur une péripétie nouvelle, preuve nouvelle d’une condamnation première. Ainsi de Theron, que des chasseurs moquent dans la célèbre séquence de la bécassine ; sur les conseils de Wade et de Rafe, il parvient à s’affirmer et devient un adulte sûr de lui, jusqu’à la révélation de la faute de son père. Dans le monde décrit par le film, il n’y a d’échappatoire que par la mort ou l’expiation sans fin. Seule exception, Rafe est « sauvé » par les toutes dernières images.
Mais cette trame dramatique, dense et cruelle, ne serait rien sans le génie de Minnelli, magnifique coloriste et utilisateur hors pair des décors : que ce soit la forêt, les marais aux gaz délétères, les intérieurs fastueux (la résidence de Wade) ou misérables (l’appartement d’une de ses maîtresses), les lieux sont à la fois fortement symboliques et très concrets, sans que le film tourne à l’illustration appliquée. Quant à la mise en scène, le sens du rythme et la direction d’acteurs, ils sont au-dessus de tout éloge. Cerise sur le gâteau, dans cette œuvre intense qui prend à bras le corps le scénario mélodramatique avec ses excès et son flamboiement, l’émotion ne se dément pas et aboutit à des situations paroxystiques que l’on suit le cœur serré. Admirable.
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