Le 14 août 2022
L’un des meilleurs films de Mike Nichols, qui fait la jonction entre Le lauréat et Closer, tout en étant un témoignage percutant sur les mœurs des années 50-70.
- Réalisateur : Mike Nichols
- Acteurs : Jack Nicholson, Candice Bergen, Ann-Margret, Art Garfunkel, Rita Moreno, Carol Kane
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Lost Films (reprise)
- Durée : 1h38mn
- Date télé : 23 juin 2024 22:50
- Chaîne : OCS Géants
- Reprise: 20 juillet 2022
- Titre original : Carnal Knowledge
- Date de sortie : 28 février 1972
- Festival : Festival de La Rochelle 2022
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Résumé : Amis depuis l’université dans les années 1950, Jonathan et Sandy partagent pendant plus de vingt ans leur quête amoureuse, leurs confessions sexuelles et leur vision des femmes.
Critique : Sorti aux États-Unis en 1971, Ce plaisir qu’on dit charnel est l’une des réussites de Mike Nichols (1931-2014), réalisateur inégal, à qui l’on doit l’œuvre culte Le lauréat, mais aussi plusieurs productions académiques plus ou moins oscarisées, comme Le mystère Silkwood ou Working Girl. Celui qui avait fait ses premiers pas de metteur en scène au théâtre avait pu paraître, au début de sa carrière cinématographique, comme un membre du nouvel Hollywood, à l’instar de Bob Rafelson ou Robert Altman. Il devait se montrer moins original par la suite, plus proche d’honnêtes artisans tels que Norman Jewison, Barry Levinson ou, plus tard, Alexandre Payne. Aussi est-ce un réel plaisir de (re)découvrir Ce plaisir qu’on dit charnel (Carnal Knowledge en VO). Écrit par l’auteur de BD et dramaturge Jules Feiffer, le scénario est subtil et bien dans l’air du temps des seventies, qui vit le cinéma international s’interroger sur la question du couple et de la sexualité en général, après la révolution des mœurs des années 60. La liberté de ton et de langage du film (qui offusqua plus d’un puritain à sa sortie) s’inscrit dans la mouvance de plusieurs œuvres de la période, comme Bob et Carole et Ted et Alice de Paul Mazursky.
- © 1971 AVCO Embassy Pictures © 2022 Lost Films. Tous droits réservés.
Le film est ainsi emblématique de l’air du temps de son époque, même si le récit s’échelonne sur une vingtaine d’années. En fait, le scénario est découpé en segments, et aurait pu être à l’origine d’une pièce de théâtre en trois actes, d’autant plus que les dialogues ont une place importante. La première partie, sous ses faux airs de teen movie, est davantage dans le registre léger, cernant l’opposition entre Jonathan, l’étudiant dragueur et extraverti (Jack Nicholson), et son pote et colocataire (Art Garfunkel), plus réservé et clairement romantique. Leur tentative de séduire la belle Susan (Candice Bergen) aboutit à un subtil marivaudage. La seconde partie (dix ans plus tard) est plus sombre, mettant en exergue le caractère toxique et macho de Jonathan, odieux avec sa compagne Bobbie (Ann-Margret, qui remporta la BAFTA de la meilleure actrice dans un second rôle). En forme d’épilogue, la troisième partie s’avère franchement amère, comparant la destinée des deux amis à l’approche de la quarantaine. L’ensemble, par ses ruptures de ton, s’avère être une étude de mœurs percutante, en particulier sur les attentes respectives des hommes et des femmes de la période 1950-70, dans une Amérique en évolution sociétale mais qui perpétue malgré tout le modèle de l’homme dominateur.
- © 1971 AVCO Embassy Pictures © 2022 Lost Films. Tous droits réservés.
Les séquences de disputes conjugales sont à cet égard les meilleures du métrage. En ce sens, Mike Nichols retrouve l’inspiration qui avait été la sienne dans Qui a peur de Virginia Woolf ?, adaptation modèle de la pièce de Tennessee Williams. Ce plaisir qu’on dit charnel fait aussi la jonction entre Le lauréat, récit emblématique de la vie privée des baby-boomers, et Closer, entre adultes consentants, davantage érotique et troublant, qui s’interrogera sur les mêmes problématiques en 2005. Au niveau de la mise en scène, Carnal Knowledge est un modèle de rigueur, alternant plans fixes, plans serrés et gros plans, et intégrant avec bonheur son matériau semi-littéraire : on apprécie notamment la première rencontre entre Jonathan et Bobby, qui flirtent en se lisant les lignes de la main. Le film est en outre bien servi par Jack Nicholson qui consolidait son statut de star qu’il confirmera à l’époque dans La dernière corvée, Chinatown et Vol au-dessus d’un nid de coucou.
– Sortie en version restaurée : 20 juillet 2022
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