Le couple Taylor-Burton à son sommet
Le 8 septembre 2023
Deux époux se déchirent lors d’une scène de ménage. Une adaptation culte d’une pièce contemporaine, interprétée par le plus célèbre couple de l’histoire du cinéma.
- Réalisateur : Mike Nichols
- Acteurs : Elizabeth Taylor, Richard Burton, George Segal, Sandy Dennis
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 2h11mn
- Titre original : Who Is Afraid of Virginia Woolf?
- Date de sortie : 15 février 1967
L'ont vu
Veut le voir
Résumé : Martha et George invitent deux amis, Nick et Honey, à passer la soirée chez eux. À peine arrivés, ces derniers assistent à une scène de ménage mémorable de leurs hôtes.
Crtitique : Adaptation de la célèbre pièce de Edward Albee, Qui a peur de Virginia Woolf ? est ici réécrit pour l’écran par Ernest Lehman, qui était l’auteur du scénario de La mort aux trousses. La mise en scène est confiée à Mike Nichols, artisan hollywoodien célèbre pour Le lauréat (1966) et dont le dernier grand film, Closer, entre adultes consentants (2004), bouclera la boucle sur la thématique des problèmes de couples. Virginia Woolf doit beaucoup à la qualité dramatique du matériau d’origine, à savoir le portrait au vitriol de la petite bourgeoisie américaine et de ses hypocrisies sociales et conjugales. La violence morale exercée entre époux, les mesquineries de l’american way of life et la cruauté des rapports entre générations et sexes atteignent ici leur point culminant. Jamais le terme psychodrame n’aura aussi bien trouvé son nom, des personnages aux confins de la névrose et de la folie donnant au récit une tonalité presque fantastique de par l’absurdité de leur cruauté et le malaise suscité par des secrets inavouables et pitoyables.
- © 1966 Warner Bros. Tous droits réservés.
Il règne sur Qui a peur de Virginia Woolf ? une atmosphère lourde et suffocante et c’est tout à l’honneur de Mike Nichols de lui avoir insufflé un rythme proprement cinématographique. Le cinéaste évite tant l’académisme d’un certain théâtre filmé que le maniérisme qui consisterait à vouloir « aérer » l’action pour échapper à un dispositif théâtral. Hormis l’ouverture en plan-séquence, une virée dans un pub local et quelques scènes dans le jardin, le film assume le huis clos scénique, sans aller toutefois jusqu’à la radicalité d’un Alain Resnais dans Mélo ou d’un Manoel de Oliveira dans Le soulier de satin. Il évoque plutôt par son style le traitement que Roman Polanski effectuera sur Carnage, auquel on ne cesse de penser ne serait-ce que par l’affrontement entre les quatre personnages. Ici, la caméra de Nichols épouse l’action et arrive à osciller entre la distance et les gros plans révélateurs sur les motivations des protagonistes.
- © 1966 Warner Bros. Tous droits réservés.
Le noir et blanc sublime donne en outre au métrage une noirceur poétique et horrifique qui contribue au pouvoir hypnotique du récit. Quant au couple mythique Taylor-Burton, il explose littéralement l’écran et une dimension ironiquement autobiographique semble inhérente à leur prestation. Tous deux avaient côtoyé l’adaptation théâtrale en interprétant Tennessee Williams, elle dans La chatte sur un toit brûlant ou Soudain l’été dernier et lui dans La nuit de l’iguane, mais jamais ils n’avaient joué ensemble dans un genre similaire. Elizabeth Taylor, qui venait de connaître l’apogée de sa carrière avec Cléopâtre, trouve en Martha un rôle qui a fait la gloire de plusieurs comédiennes de théâtre, de Madeleine Robinson à Diana Rigg. Elle se lance ici dans une prestation techniquement indiscutable mais ce n’est pas manquer de respect à la mémoire de la star que de regretter un numéro trop appuyé qui surjoue les affres d’un personnage alcoolique, vulnérable et vampirique. Le même reproche peut être adressé à Sandy Dennis en jeune épouse frustrée et fragile. Les deux actrices seront pourtant (ou d’ailleurs) récompensées chacune par un Oscar, respectivement en premier et second rôle. Il est permis de préférer la Liz Taylor plus sobre, celle d’Une place au soleil ou de Cérémonie secrète dans lequel son jeu confère au minimalisme. En dépit de cette réserve, il faut revoir Qui a peur de Virginia Woolf ? pour sa force dramatique sulfureuse.
– Oscars 2007 : Meilleure actrice pour Elizabeth Taylor - Meilleure actrice dans un second rôle pour Sandy Dennis - Meilleure photo noir et blanc - Meilleurs décors - Meilleurs costumes
– BAFTA Awards 1967 : Meilleur film - Meilleur acteur britannique pour Richard Burton - Meilleure actrice britannique pour Elizabeth Taylor
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.