Du zéro à l’hebdo
Le 11 juin 2015
Homme de lettres et de coeur, Cavanna marqua l’histoire de la presse française à défaut de marquer les esprits. Portrait tendre de ce baron de Münchausen, Cavanna, jusqu’à l’ultime seconde j’écrirai prend la plume pour rappeler aux pessimistes que le combat n’est pas mort. Ni celui contre les cons, ni celui contre soi-même.
- Réalisateur : Denis Robert
- Acteur : Nina Robert
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Durée : 1h30min
- Date de sortie : 17 juin 2015
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Homme de lettres et de cœur, Cavanna marqua l’histoire de la presse française à défaut de marquer les esprits. Portrait tendre de ce baron de Münchausen, Cavanna, jusqu’à l’ultime seconde j’écrirai prend la plume pour rappeler aux pessimistes que le combat n’est pas mort. Ni celui contre les cons, ni celui contre soi-même.
L’argument : Un doc au long cours sur François Cavanna, le créateur de Charlie Hebdo et de Hara Kiri, l’inventeur de la presse satirique, l’auteur des Ritals et d’une soixantaine d’ouvrages, disparu fin janvier 2014. Le film repose sur des entretiens avec Cavanna réalisés peu de temps avant sa mort, des archives oubliées et des témoignages inédits comme ceux de Siné, Willem, Delfeil de Ton et Sylvie Caster. En filigrane l’histoire en passe d’être oubliée du premier homme qui aurait pu dire « Je suis Charlie ».
Notre avis : « La seule chose que je sais, c’est que je ne sais rien » admettait Socrate. Pour Cavanna, « Tous, nous nous trompons ». Remède aux certitudes et convictions dogmatiques, la presse satirique malmène le concept de pensée unique à grands renfort de tapes humoristiques et de coups de talons discourtois. Quelques mois après l’attentat perpétré contre le journal Charlie Hebdo, le documentaire de Denis Roger interroge à brûle-pourpoint les revendicateurs du tristement célèbre « Je suis Charlie ».
© Virginie Vernay
Cavanna, la France l’aime par procuration, plus que par élan du cœur. Effaré par la méconnaissance des jeunes en écoles de journalisme et d’instituts audiovisuels en ce qui concerne le père de Hara Kiri et de Charlie Hebdo, le cinéaste met en scène la riche vie du mythique écrivain, reporter et dessinateur. Documents d’époque, interviews informelles, témoignages de ces proches, extraits des ouvrages de l’homme, images d’archives de ces passages lors d’émissions télévisées, séquences filmées lors de ses obsèques... A travers cette multitude de supports visuels, le réalisateur tente de percevoir l’âme de ce personnage truculent qu’était François Cavanna.
La patte journalistique de celui qui conduit l’affaire Clearstream transparaît à travers chaque nouveau cadrage. Assisté de sa fille Nina, Denis Robert présente un film dense et rigoureux. Sans tomber dans le sensationnalisme – une chose pourtant qui aurait pu se révéler aisée au vu du personnage en question-, Cavanna, jusqu’à l’ultime seconde j’écrirais construit un minutieux portrait de l’homme tel qu’il était et surtout tel que le public l’appréhendait. Dans un réel souci de professionnalisme, le documentaire souligne que Cavanna ne touchait que 0,4% des bénéfices de Charlie Hebdo en raison de conflits personnels liés à la nouvelle direction de l’hebdomadaire. La démarche, anti-démagogique, associée au fait que la production ne dévoile rien de la vie privée de son anti-héros séduit et enthousiasme bien plus qu’une réalisation complaisante n’aurait pu le faire.
© Virginie Vernay
Si la forme du film laisse parfois à désirer, entre les longs diaporamas photographiques et l’organisation erratique des séquences, le spectateur se laisse prendre au jeu et mise sa liberté carte sur table avec Siné, Delfeil de Ton, Wilem et Sylvie Caster. Même mort, Cavanna n’a rien perdu de sa superbe.
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