Le 26 juillet 2021
Un portrait sensible du cofondateur de Hara-Kiri. Le film, sorti l’année de l’attentat contre Charlie Hebdo, est plutôt passé inaperçu. Et c’est fort dommage.
- Réalisateurs : Denis Robert - Nina Robert
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Rezo Films
- Durée : 1h30min
- Date télé : 26 juillet 2021 21:00
- Chaîne : TV5 Monde
- Date de sortie : 17 juin 2015
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Résumé : Un doc au long cours sur François Cavanna, le créateur de Charlie Hebdo et de Hara Kiri, l’inventeur de la presse satirique, l’auteur des Ritals et d’une soixantaine d’ouvrages, disparu fin janvier 2014. Le film repose sur des entretiens avec Cavanna réalisés peu de temps avant sa mort, des archives oubliées et des témoignages inédits comme ceux de Siné, Willem, Delfeil de Ton et Sylvie Caster. En filigrane l’histoire en passe d’être oubliée du premier homme qui aurait pu dire « Je suis Charlie ».
Notre avis : A l’époque, peu de spectateurs s’étaient déplacés pour découvrir les ultimes entretiens de Nina et Denis Robert avec l’inoubliable auteur des Ritals. Pourtant, le film était sorti en 2015, l’année des attentats, l’année où, après la tragédie, des millions de gens, qui n’avaient jamais parcouru les pages de l’hebdomadaire, s’étaient précipités pour acheter "le numéro des survivants". On savait que cette alliance du peuple français et d’un journal historiquement libertaire serait purement circonstancielle. On se souvient aussi qu’à cette époque, par une injustice que l’histoire de l’humour satirique pourrait aisément expliquer -en passant notamment par la case Philippe Val-, François Cavanna n’était pas de ceux dont le nom revenait souvent dans les rétrospectives. Et ne parlons pas de Choron, blacklisté depuis des années. Depuis la refondation du journal en 1992, en fait. Pourtant, c’est à ces deux-là qu’on doit la grammaire de l’humour moderne français, à qui les blagues de Groland ou les sketches de Coluche, Desproges, Proust, ou des Nuls, pour ne parler que des plus anciens, doivent une dette particulière.
En tout cas, le public restreint qui avait fait le chemin pour découvrir le document de Nina et Denis Robert, n’avait globalement pas regretté son paiement en caisse. Autour de Cavanna, dont la biographie est égrenée avec précision, gravitent des intervenants plutôt pertinents : parmi eux, ce bon vieux Willem -dessinateur historique, le dernier de cette génération à l’humour incorrect- qui ne se répandit pas en confessions, après le 7 janvier, eut la pudeur de garder son chagrin par-devers lui. On est ravi de le voir. De son inimitable accent batave, il clôt ce documentaire, en lisant le dernier bouquin du valétudinaire, Lune de Miel, qui insulte la maladie de Parkinson. Ce ne sont que quelques phrases, mais elles font résonner l’inimitable musique de leur auteur.
Auparavant, avec ce qui lui reste de forces, d’une voix affaiblie, le vieux moustachu aux légendaires bacchantes raconte l’épopée Charlie Hebdo, les scandales, ses rapports avec Choron, sa difficulté à écrire et son acharnement à maintenir le stylo pour que les mots adviennent, gestes à l’appui. Parfois, la mémoire lui fait un peu défaut. Toutefois, dans l’ensemble, le cofondateur de Hara-Kiri (avec Bernier Georges) demeure fidèle à l’expression consacrée -"lucide jusqu’au bout"-, considérablement affaissé et comme à l’étroit, dans un bureau mal éclairé.
Pour le reste, l’impression étrange de parcourir un cimetière d’humoristes se conjugue à la certitude que l’humour irrévérencieux incarné par Charlie Hebdo était aussi et surtout l’apanage d’une bande de mecs. "Où étaient les filles à cette époque ?", se demande-t-on parfois. Le combat de Wolinski, Siné ou Reiser -pour ne citer qu’eux- n’a pas consisté à introduire la parité au sein de la rédaction. On le note, comme on remarque aujourd’hui la présence plus évidente de ces femmes qui ont tant manqué, durant toutes ces années, à l’humour satirique gaulois. Ce n’est pas Coco qui nous contredira.
A l’enterrement de Cavanna, il y avait Cabu, Siné, Charb, Berroyer, Luz et tant d’autres. Les historiques du journal, les plus jeunes. On revoit tous ces visages, en pensant évidemment au drame qui s’annonce. Que personne n’aurait pu prévoir.
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