Le 18 mai 2014
Produit par El Deseo, la société de production de Pedro Almodovar, Relatos Salvajes est un film cruel, à l’humour ravageur et noir, qui a séduit Warner pour une distribution salle en France.


- Réalisateur : Damián Szifrón
- Acteurs : Ricardo Darín, Leonardo Sbaraglia, Oscar Martínez
- Genre : Comédie, Thriller
- Nationalité : Argentin
- Durée : 1h55mn
- Titre original : Relatos Salvajes
- Date de sortie : 14 janvier 2015
- Festival : Festival de Cannes 2014

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Produit par El Deseo, la société de production de Pedro Almodovar, Relatos Salvajes est un film cruel, à l’humour ravageur et noir, qui a séduit Warner pour une distribution salle en France.
L’argument : Écrit et réalisé par Szifron, LES NOUVEAUX SAUVAGES est une œuvre sombre, à mi-chemin entre comédie et tragédie, qui parle d’amour, de trahison, du retour du passé et de la violence sous-jacente dans notre quotidien. Ballottés par des bouleversements imprévisibles qui affectent leur vie, les personnages du film sont attirés par l’abîme et s’abandonnent au plaisir indéniable consistant à lâcher prise, finissant par franchir la frontière ténue entre civilisation et barbarie.
Notre avis : Dès le début, le cinéaste argentin Damian Szifron donne le ton. Relatos Salvajes promet alors d’être complètement déjanté, barré, fou, un peu comme l’avait annoncé Thierry Frémaux en conférence de presse. Un film qui, c’est évident, ne pourra séduire tout le monde et aura bien du mal à prétendre à une Palme d’Or, car Damian Szifron a bien compris la signification de l’adage : « on peut rire de tout », mais forcément cela fait grincer certains dentiers.
©Warner Bros
Il fallait de l’audace pour imposer un film à sketchs à Cannes. Le festival n’est pas le lieu pour ces sempiternelles saynètes qui assurent une bonne dose de superficialité quand Cannes cherche à approfondir la psychologie, en proposant notamment des œuvres fleuves de plus de trois heures, au rythme somnolent, comme Winter sleep de Nuri Bilge Ceylan.
Avec ses six sketchs, Les nouveaux sauvages apparaît donc comme une oeuvre récréative dans un festival de pensums, peut-être plus adaptée à des manifestations comme L’Etrange, à Paris. Le cinéaste argentin s’amuse à filmer la bêtise humaine, l’absurde, en recourant à l’humour trash ravageur, forcément noir et politiquement incorrect. Bien que la dimension comique soit quasiment omniprésente dans chacun des segments, Szifron brasse les genres : thriller, comédie, romantisme et drame. Les situations et les personnages des différents sketchs ne sont pas liés, le fil conducteur, s’il fallait en trouver un, serait le pétage de plomb.
© Warner Bros
Un humour ravageur, souvent cruel, qui se gausse des failles d’une société bancale, où les faibles sont abusés par les riches, où l’ordre a cédé le pas au chaos... Les dialogues acides et hilares piquent ; l’humour repousse les limites, et l’on rit abondamment face à des situations qui nous repoussent dans nos retranchements... L’Argentin Szifron critique à sa façon impertinente la société contemporaine, travestissant le tragique en comique, ce qui, on le comprend, a forcément séduit les producteurs, "los hermanos" Almodovar, chantres ibériques du mauvais goût. Cette prouesse est accentuée par une performance d’acteurs impeccables, dont celle de l’épatant Ricardo Darin (Les neufs reines, Dans ses yeux).
Egalement notable, le montage du film, rythmé sur la musique électrisante de Gustavo Santolalla, qui consolide la mise en scène énergique du film de Szifron.
Tout cela vaudrait bien quelques récompenses samedi prochain, lors de la cérémonie de clôture. Un prix pour le scénario (millimétré et coordonné à merveille) ou la mise en scène (dynamique et jeune) serait amplement mérité.
© Warner Bros