Cannes 2012 : Mud - avis à chaud sur le nouveau Jeff Nichols

L’argument : Ellis et Neckbone, 14 ans, découvrent lors d’une de leurs escapades quotidiennes, un homme réfugié sur une île au milieu du Mississipi. C’est Mud : une dent en moins, un serpent tatoué sur le bras, un flingue et une chemise porte-bonheur. Mud, c’est aussi un homme qui croit en l’amour, une croyance à laquelle Ellis a désespérément besoin de se raccrocher pour tenter d’oublier les tensions quotidiennes entre ses parents. Très vite, Mud met les deux adolescents à contribution pour réparer un bateau qui lui permettra de quitter l’île. Difficile cependant pour les garçons de déceler le vrai du faux dans les paroles de Mud. A-t-il vraiment tué un homme, est-il poursuivi par la justice, par des chasseurs de primes ? Et qui est donc cette fille mystérieuse qui vient de débarquer dans leur petite ville de l’Arkansas ?

Copyright James Bridges / Neckbone Productions

Notre avis à chaud : Avant-dernier film de la compétition officielle, Mud confirme le talent singulier de Jeff Nichols et montre qu’il ne fallait pas désespérer de la qualité de la sélection américaine. Moins onirique que sa précédente fiction, ce récit d’initiation nourri de la littérature de Twain et Carver permet au cinéaste de traiter à nouveau du thème de l’obsession, à travers l’obstination d’un jeune adolescent à aider un adulte désemparé mais poursuivant lui-même une idée fixe. Nichols est ici habile dans l’art de traiter de relations filiales de substitution, et l’unité de temps de son histoire lui permet d’élaborer une tension dramatique réelle mais sobre. L’utilisation du décor naturel du Mississipi permet de superbes prises de vue, sans sombrer dans l’esthétisme gratuit. Ces qualités font de Nichols le digne héritier d’un Ford ou d’un Eastwood. Mud pourrait bien se retrouver au palmarès : si une Palme d’or ne serait pas imméritée mais pourrait paraître trop consensuelle, un prix du Jury serait une récompense idéale.