Le 29 janvier 2023
Le long métrage de Tavernier procède d’une indignation très juste face à la misère économique et aux inégalités sociales. Problème : le film est infiniment démonstratif, à commencer par son héros, une sorte d’icône agaçante, une créature fictionnelle sans densité, autour de laquelle tout gravite.
- Réalisateur : Bertrand Tavernier
- Acteurs : Philippe Torreton, Nadia Kaci, Didier Bezace, Christine Citti, Emmanuelle Bercot, Nathalie Bécue, Maria Pitarresi, Gérard Giroudon, Françoise Miquelis
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Bac Films, Tamasa Distribution
- Durée : 1h57min
- Date télé : 7 septembre 2020 20:55
- Chaîne : Arte
- Reprise: 15 février 2023
- Date de sortie : 12 mars 1999
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– Reprise en version restaurée : 15 février 2023
Résumé : Fils de mineur, Daniel Lefebvre est directeur d’une ecole maternelle a Hernaing, pres de Valenciennes. Il exerce son metier avec passion dans une region qui fut riche et qui maintenant est rongee par le chomage. Un soir, Mme Henry vient chercher tres tard sa fille Laetitia. En voulant l’embrasser, elle s’ecroule ivre morte. Prise de honte, elle s’enfuit abandonnant sa fille et son bebe. Daniel decide de raccompagner les enfants chez eux malgre le reglement qui interdit de telles initiatives. Cet incident l’amene a radicaliser son action et ses prises de position.
Critique : La simplicité d’un constat, adossé à l’observation d’une crise économique et sociale, pousse naturellement l’homme indigné à réagir, sous la forme d’un long métrage engagé, désireux de le crier haut et fort, en faisant clignoter tous les signaux, pour baliser la réception.
Bertrand Tavernier crée un film qui multiplie les effets de réel à la mesure de sa colère, en privilégiant notamment les séquences caméra sur épaule, agitant l’image comme s’il fallait secouer le cocotier, comme on dit. D’où l’effet documentaire relié à d’autres œuvres du réalisateur, en particulier L627.
Maintenant, on peut partager avec le metteur en scène l’intégralité du diagnostic, celui d’une relégation sociale des classes populaires. dont le système scolaire serait une caisse de résonance, sans adhérer le moins du monde au traitement cinématographique qui en est proposé, maladroit à bien des égards, pour ne pas dire catastrophique à certains moments, lorgnant sur le degré zéro de l’esthétique, propre à certains téléfilms du service public.
- © Tamasa Distribution
Tout est affaire de focale, en fait, et le héros de l’histoire occupe l’espace que doit légitimement s’accaparer un symbole, une icône. Cet instituteur tenace, au verbe moralisateur (vis-à-vis des enfants, des parents, des dames de service, de ses collègues) investit exactement la place que tient le philosophe vis-à-vis de ses pauvres, pour reprendre la formule de Jacques Rancière dans un fameux livre : bienveillant comme le berger qui guette ses moutons, parfois sévère, mais juste, selon l’expression consacrée. Impeccable, forcément impeccable, le personnage a les traits de Philippe Torreton, presque aussi souriant dans son rôle que pouvait l’être le hussard Georges Lopez dans Être et avoir, l’édifiant documentaire de Philibert, très proche aussi d’un Victor Novak, un Superman des grandes causes, prompt à les commenter en voix off et à citer des références poétiques. Jamais un geste de travers, si ce n’est une baffe à son beau-fils, aussitôt avouée à sa compagne. Jamais les doigts dans le nez, même lorsqu’il est seul dans sa bagnole.
- © Tamasa Distribution
Tavernier récite un bréviaire qui a pour héros un personnage à la coupe naturellement franciscaine, une sorte de religieux laïc, aux nobles combats, bien sûr, mais si pauvre dans sa densité fictionnelle que chaque situation de contrariété engendre une réaction qu’on anticipe.
À ce modèle, il fallait bien un hommage tout entier, de sorte que tous les autres protagonistes, réduits à l’état de fantoches, lui sont assujettis, même l’inspecteur hiératique et agacé, ainsi que les situations naturellement exemplaires auxquelles le réalisateur juxtapose des enjeux sentimentaux convenus (la problématique du couple Daniel/Valeria ne mobilise pas l’attention).
Moralement gagnant, cinématographiquement perdant, Ça commence aujourd’hui est un jeu à somme nulle.
- © Tamasa Distribution
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