Le 27 avril 2016
- Acteur : Bryan Cranston
A l’occasion de la sortie de son nouveau film, Bryan Cranston a rencontré la presse pour discuter de Dalton Trumbo, de politique américaine et (un peu) de Better Call Saul. Morceaux choisis (on a tout pris).
A l’occasion de la sortie de son nouveau film, Bryan Cranston a rencontré la presse pour discuter de Dalton Trumbo, de politique américaine et (un peu) de Better Call Saul. Morceaux choisis (on a tout pris).
La connexion skype est un peu sautillante, mais qu’importe. Bryan Cranston nous "reçoit" dans sa maison, un tableau champêtre en arrière-plan. Il en faut peu pour être heureux. On entre vite dans le vif du sujet lorsque l’acteur évoque ce qui s’apparente comme son premier grand rôle au cinéma.
Je connaissais les bases du personnage, l’histoire que tout le monde connait. Mais je ne me souvenais pas du tout qu’il avait fait de la prison, ou les autres films qu’il avait écrits. j’ai donc fait beaucoup de recherches pour creuser un peu sa sensibilité : biographies, vidéos, enregistrements audio. Surtout, j’ai beaucoup parlé avec sa fille, Melissa Trumbo.
Un travail de recherche qui impose toutefois de faire des sacrifices, les deux heures d’un film ne pouvant contenir toute la vie d’un homme.
Faire les recherches, c’est passionnant. Mais ce qui est compliqué, lorsqu’on aborde un personnage comme Dalton Trumbo pour faire un film sur sa vie, c’est qu’il y a énormément de personnages et d’événements qui entrent en compte. Les décisions les plus difficiles, elles, sont là. Choisir ce qu’on va montrer, et ce qu’on ne va pas montrer. Le format d’un film impose de devoir faire des concessions.
Et l’acteur de comparer le métier d’acteur à celui d’un reporter.
Le travail d’acteur, comme celui de journaliste, est avant tout une affaire de curiosité. Étancher sa soif de curiosité en faisant des recherches sur des aspects de la vie qu’on ne connait pas. S’immerger dans quelque chose qui nous est étranger et essayer de le comprendre.
Conscient du caractère hautement politique de son film, Bryan Cranston s’étonne encore du caractère très particulier de cette chasse au sorcière.
Ce qui est dingue, dans cette histoire, c’est que des hommes sont allés en prison sans avoir avoir commis aucun crime. C’est déjà une chose d’être emprisonné à tord, pour un crime qu’on n’a pas commis. C’en est encore une autre d’être envoyé en prison sans aucun motif valable.
Lorsqu’on lui demande si le sujet du film résonne dans la société contemporaine, l’acteur sourit malicieusement, comme un clin d’œil, et donne une réponse optimiste.
Il est vrai que le film trouve des échos avec la société américaine contemporaine. Politiquement, c’est une révolution aujourd’hui aux États-Unis. Une révolution qu’on n’a pas vue depuis 100 ans. On se retrouve avec des personnages politiques complètement polarisés, avec des idéologies diamétralement opposées. Je trouve ça plutôt positif, cela attire l’attention des gens, qui s’investissent plus dans la politique de leur gouvernement. Néanmoins, je ne suis pas un supporter de Donald Trump, et j’ai confiance dans le bon sens du peuple américain. Nous ne porterons pas cet homme à la maison-blanche.
S’impliquer pour son pays, donc. Encore plus quand on a réussi.
Un artiste doit être sincère. Cela ne veut pas dire que vous devez devenir un mentor ou un modèle pour les autres. C’est acceptable et courageux de s’engager en politique. Un artiste reçoit souvent plus d’attention, ce qui permet à son discours d’être plus audible. Mais je crois que la meilleure chose à faire pour les personnes privilégiés, c’est la charité, plus que la politique. Redonner un peu de ce qu’on gagne à notre communauté, ou pour l’environnement. Et se concentrer à œuvrer pour le bien commun.
Pour autant, Bryan Cranston reconnaît qu’il y a un avant et un après "chasse aux sorcières" à Hollywood.
Il me semble qu’il y a eu par la suite plus d’artistes libéraux, plus tolérants, moins conservateurs. Aujourd’hui, je l’espère, si quelqu’un s’oppose à vous, ça n’en fait pas un ennemi pour autant. Nous devons conserver ce principe. Tout le monde souhaite le meilleur pour son pays mais de différentes manières. Auparavant, vous étiez un ennemi, aujourd’hui ,vous êtes un opposant. C’est d’ailleurs ce que dit Trumbo dans son discours final, à la fin du film. C’est une retranscription fidèle. C’était son opportunité à lui de s’exprimer en toute franchise. Ce que dit Trumbo dans ce discours, (nldr : il pardonne à ceux qui l’ont opprimé) il ne l’a pas dit avant parce qu’il ne pensait pas que ce serait productif. Il l’a fait pour commencer le processus de guérison, et pardonner à ceux qui avaient participé à la chasse aux sorcières. Mais il a été assez critiqué, notamment par sa femme, qui l’a trouvé trop gentil avec ses anciens adversaires.
Un processus de guérison par le pardon qui fait aussi la grandeur du personnage de Trumbo selon l’acteur.
Le temps a guéri les blessures. Si j’avais moi-même éte victime de cette chasse aux sorcières, j’aurais peut-être pensé différemment. Mais les gens ont le droit de faire amende honorable. Certains l’ont fait, d’autres non. Pour moi, c’est le point essentiel de Dalton Trumbo. Il aurait pu dire à la commission "Je suis un communiste et je m’en excuse, c’était une erreur". Mais Trumbo savait, qu’après avoir dit cela, d’autres questions viendraient. Qu’on lui demanderait de dénoncer ses amis. La liste noire, c’était une tactique digne de la Gestapo. Je ne compare pas le Maccarthysme au Nazisme, bien sûr, mais les tactiques étaient les mêmes. Dénoncer son voisin pour espérer s’en sortir.
Et parce qu’il ne se passe pas une interview sans qu’on lui parle de Breaking Bad, Bryan Cranston est revenu sur le spin-off Better Call Saul, qui met en scène l’avocat véreux Saul Goodman avant qu’il ne croise la route de Walter White.
Cette série est très agréable à regarder pour moi. Elle est à la fois très familière (les environnements, la ville, certains personnages) et en même temps l’histoire est très différente. Et si l’on me demande d’y participer, je répondrais bien évidemment présent.
Les fans aussi.
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