Le 26 juin 2011
- Festival : Brussels Film Festival
À une ou deux exceptions près, l’intérêt du BFF est de privilégier des œuvres qui ne verront probablement jamais le jour dans nos salles obscures, ni même en dvd.
À une ou deux exceptions près (dont Trois fois 20 ans), l’intérêt du BFF est de privilégier des œuvres qui ne verront probablement jamais le jour dans nos salles obscures, ni même en dvd. Aux antipodes d’une production de plus en plus formatée, le spectateur se déleste ici d’un cinéma d’auteur presque exclusivement européen qu’on peut qualifier d’ambitieux et d’osé dont Brand et Nothing’s all bad en sont les meilleurs étendards.
S’il fallait retenir un thème récurrent au 4ème jour de festival, ce serait indubitablement celui qui tourne autour du sexe perverti où la mort rôde.
Mercredi 22 Juin : Un peu de légèreté avant de rentrer dans le vif du sujet avec Trois fois 20 ans
, une comédie douce-amère que l’on doit à la fille du réalisateur de Z. Marquant le grand retour de William Hurt et Isabella Rossellini, ce second métrage de Julie Gavras lorgne du côté de Bergman et Woody Allen, la gravité en moins.
On change radicalement de registre avec Brand
, le premier film projeté en compétition officielle. Sur un air de Revanche, ce thriller psychologique autrichien qui côtoie la mort est d’une efficacité implacable. Doté d’une mise en scène somptueuse, à l’ambiance pesante et glaciale (voire clinique), la relève de Michael Haneke est assurément déjà en marche. Gros coup de cœur qui mériterait de se voir décerner l’Iris d’Or.
Jeudi 23 Juin : Après l’Autriche, la Suisse est mise à l’honneur avec Songs of love and hate . Hormis Alain Tanner, et plus particulièrement La salamandre duquel il est assez proche, il est plutôt rare de visionner un film helvète !
Soit la relation éprouvante entre un père et sa fille aînée en prise avec sa sexualité naissante. Plus préoccupé par sa récolte viticole, son absence aura des conséquences néfastes à l’image de son vin qui laisse un goût amer à la bouche. L’intérêt principal de Songs of love and hate (qui se réfère au titre du troisième album de Leonard Cohen) réside dans la découverte de Sarah Horvath, véritable révélation que l’on espère revoir très vite au cinéma. Là où le bât blesse ; malgré ce portrait touchant d’adolescente en mal d’aimer, et une scène à fleur de peau d’une grande sensualité, c’est au niveau de la psychologie quelque peu poussée. On a du mal à croire qu’une fille aussi délicieuse puisse avoir des comportements aussi monstrueux.
Vendredi 24 Juin : Parmi des films aussi exigeants, Parked n’a pas sa place... Quant au personnage interprété par Colm Meaney, il en possède heureusement une pour y parquer sa voiture qui lui fait office de logement. En effet, la crise économique mondiale touche tout le monde, à commencer par l’État-providence irlandais. Bien amorcé, ce mélodrame n’évite pas l’écueil de tomber dans le pathos, d’autant plus préjudiciable lorsqu’on ne parvient pas à s’attacher au personnage de junkie qu’il tente de sauver. Au contraire du formidable The good heart dont la filiation est manifeste, on reste de glace face à l’émotion déployée. Pour sa première tentative, Darragh Byrne s’aventure sur les pas de Ken Loach, le maître du film social et humaniste, qu’il perd rapidement en cours de route pour s’en éloigner en toute fin de parcours. Quant au public, tous les bons sentiments sont réunis pour qu’il se rue en masse ; encore faudrait-il qu’il sorte chez nous...
Auréolé de 9 Goya, Pa negre scrute la guerre civile espagnole à travers les yeux d’un enfant dont le père serait impliqué dans une histoire de meurtre. Après le récent Balada triste de trompeta sur le même sujet, Agusti Villaronga déploie un scénario complexe et passionnant qui n’est pas sans rappeler L’échine du Diable.
Samedi 25 Juin : Jusqu’ici, chaque opus est parfaitement représentatif des qualités cinématographiques du pays en question. Autant dire que si Nothing’s all bad ne déroge pas à la règle, l’anticonformisme danois risque de déranger à nouveau les consciences bien pensantes par son approche jouissivement amorale. Avant d’en parler plus longuement ultérieurement, le plaisir que procure ce premier film admirablement maîtrisé est analogue à celui éprouvé lors de la découverte de Happiness de Todd Solondz. En dépit de son sujet scabreux pour le grand public, pourquoi pas l’Iris blanc (remis au meilleur premier film) ?!
Ce Festival n’a aucun tabou et on l’en remercie !
Galerie Photos
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