Le 1er novembre 2022
Un sens tout simplement absolu de la mise en scène et du tragique. Un immense chef-d’œuvre qui pourrait faire date dans l’histoire du cinéma.
- Réalisateur : Patricia Mazuy
- Acteurs : Frederic Van Den Driessche, Arieh Worthalter, Achille Reggiani, Y Lan Lucas, Leila Muse
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Français
- Distributeur : Paname Distribution
- Durée : 1h54mn
- Date télé : 17 juillet 2023 22:48
- Chaîne : Canal+
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 26 octobre 2022
- Festival : Festival de Reims 2023, Festival de Locarno 2022
Résumé : À la mort de leur père, Guillaume, policier ambitieux, offre en gérance le bowling dont il vient d’hériter à son demi-frère marginal, Armand. L’héritage est maudit et va plonger les deux hommes dans un gouffre de violence…
Critique : C’est un jeune homme perdu qui dort comme il peut dans les voitures ou fait des gardes dans une boîte de nuit contre un espace de sommeil. Il a le visage délicat d’un garçon qui a souffert, et les yeux transpirent d’une douceur inouïe. Il s’appelle Armand, un prénom sorti de nulle part, qui rappelle des temps anciens où peut-être les hommes étaient occupés à chasser les bêtes. Car dans ce magnifique nouveau film de Patricia Mazuy, il y a du sordide, de l’amour et de l’animalité. Le dernier film de la réalisatrice, Paul Sanchez est revenu, nous avait laissés sur notre faim, en dépit d’un incontestable talent et du sens de la mise en scène. Cette fois, elle nous revient sur les écrans, revigorée d’un scénario puissant, une direction d’acteurs ciselée au millimètre, et une photographie totalement maîtrisée.
- Copyright Paname Distribution
Bowling Saturne est la preuve que le métier de directrice de casting est absolument indispensable au succès d’un film. La réalisatrice a choisi un certain Achille Reggiani avec lequel elle avait déjà tourné, pour incarner le demi-frère de Guillaume. Le jeune acteur, hélas inconnu de nos écrans, offre un regard capable de toutes les émotions. Il joue sur des sentiments multiples à la façon d’un kaléidoscope, passant de la tristesse à la fragilité jusqu’à la cruauté totale. La lumière renforce les jeux du regard, confinant la plupart du temps son personnage dans la pénombre d’un bowling ou d’un appartement. Le comédien installe la terreur sur l’écran, sans un mot de trop. Tout se passe dans la variation magnifique émotionnelle des yeux, les dialogues deviennent presque superflus tant la puissance évocatrice d’Achille Reggiani illumine le récit.
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Bowling Saturne fait la démonstration d’une ingéniosité incroyable de la mise en scène. Chaque détail, qu’il s’agisse d’un dossier de couleur rouge ou d’une affiche relative à la défense des animaux, joue un rôle dans le film aussi important que les personnages eux-mêmes. La conduite d’acteurs est extrêmement précise, s’incarnant dans un subtil écrin de couleurs et de lumières. En fait, le film semble construit à la façon d’un échiquier, alternant entre les franches clartés blanches et la pénombre des espaces de vie nocturnes. Le duel entre les deux frères est d’autant plus fort qu’il s’enserre dans ce jeu formidable des ombres et des lumières. Les deux personnages recèlent en eux autant de diablerie que d’angélisme.
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L’actualité du film de Patricia Mazuy est évidente. La réalisatrice sait parfaitement nouer dans ses films narration et faits divers. Bowling Saturne dénonce avec force les violences contre les femmes et celles commises contre les animaux. Le parallélisme qu’elle dresse entre la sauvagerie des féminicides et celle de la chasse pourrait souffrir de maladresse. Au contraire, la réalisatrice en fait un atout majeur dans son récit où les chiens ressemblent à des loups, les femmes à des agneaux et les barbares sont autant chasseurs que criminels.
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Bowling Saturne raconte enfin ce que le petit écran est incapable d’incarner. C’est un long métrage noir et radieux à la fois, qu’il faut appréhender comme un objet de cinéma intemporel et absolu.
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Thib-93 5 novembre 2022
Bowling Saturne - Patricia Mazuy - critique
Je tenais tout de même à réagir sur cette phrase :
"Bowling Saturne est la preuve que le métier de directrice de casting est absolument indispensable au succès d’un film. La réalisatrice a choisi un certain Achille Reggiani"
Juste pour information, Achille est le fils de la realisatrice... donc normal qu’il ai été choisi, il n’y avait pas besoin de directeur de casting 😅
A part ça je suis d’accord avec votre critique. Excellent film, très surprenant et atypique. J’ai beaucoup aimé.
On espère une nouvelle collaboration entre Patrica Mazuy et Achille Reggiani 😉
Marc Poquet 7 novembre 2022
Bowling Saturne - Patricia Mazuy - critique
Tout à fait d’accord sur la maîtrise de la mise en scène, l’ambiance du film, à la fois malsaine et fascinante et le jeu des acteurs.
Mais je trouve dommage que le scénario soit un peu bancal dans cette histoire de chasseurs et de militants écolos, alors que, justement, c’est là que tout se noue.