Le cheval, c’est son dada !
Le 4 juin 2014
Avec ce film pas si "féminin", Patricia Mazuy veut nous plonger dans le monde sale et passionné de la compétition hippique, mais nous laisse à distance d’un univers dont les voies semblent difficilement pénétrables...
- Réalisateur : Patricia Mazuy
- Acteurs : Josiane Balasko, Bruno Ganz, Marina Hands
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français, Allemand
- Distributeur : Le Pacte
- Durée : 1h41mn
- Box-office : 86.944 entrées France / 19.028 entrées P.P.
- Date de sortie : 25 janvier 2012
- Plus d'informations : Le site du distributeur
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Avec ce film pas si "féminin", Patricia Mazuy veut nous plonger dans le monde sale et passionné de la compétition hippique, mais nous laisse à distance d’un univers dont les voies semblent difficilement pénétrables...
L’argument : Révoltée par la vente du cheval d’obstacle qu’on lui avait promis, Gracieuse, cavalière surdouée, claque la porte de l’élevage qui l’employait.
Elle redémarre à zéro en acceptant de rentrer comme palefrenière dans le haras de dressage qui jouxte la ferme de son père. La propriétaire, Joséphine de Silène, y exploite d’une main de fer la renommée internationale d’un entraineur allemand, Franz Mann, ancien champion cynique et usé dont les riches cavalières du monde entier se disputent le savoir - mais aussi le regard !
Ce microcosme de pouvoir et d’argent n’attend pas Gracieuse qui n’a pour seules richesses que son talent, son caractère bien trempé et surtout sa rage d’y arriver. Branchée sur 100 000 volts, prête à affronter Franz Mann lui-même et tous les obstacles - jusqu’à se mettre hors-la-loi, elle poursuit son unique obsession : avoir un cheval pour elle, qu’elle emmènerait au sommet …
Notre avis : Il y a certains milieux qui semblent prédisposés à la naissance et au remous des passions. En choisissant l’équitation comme décor de son nouveau long-métrage, Patricia Mazuy a certainement éprouvé une part de fascination pour cet étrange mélange entre argent et émotion, le monde de la course hippique – portée à son plus haut degré de froideur et de calcul – et le rapport physique, presque sensuel à l’égard des bêtes. Cette contradiction travaille le propos de Sport de filles, et aurait certainement pu constituer un sujet solide, si le film était parvenu à l’affronter plus directement. Pourtant, le récit demeure indécis sur de nombreux niveaux majeurs, et au premier chef celui du point de vue. Nous suivons en partie l’histoire de Gracieuse ( !), jeune tête brûlée incarnée avec un entêtement farouche par une Marina Hands au décalage plutôt bien mené ; mais le scénario choisit en réalité de basculer progressivement vers un autre personnage, peut-être moins attendu et plus difficilement saisissable, celui d’un entraineur allemand lui-même « domestiqué » par sa compagne française. Cette proposition, aussi riche paraisse-t-elle sur le papier, manque malheureusement de stabilité dans la réalisation, tant la confrontation entre Bruno Ganz, Josiane Balasko et l’univers hippique ressemble davantage à un choc incongru des civilisations qu’à un tissage finement dessiné. Surtout, le défaut majeur du récit réside sans doute dans son « hermétisme » vis-à-vis de quiconque manque de culture sur le monde hippique : il est ardu, lorsqu’on n’a jamais monté, ni n’a eu l’occasion d’assister à des courses, de bien comprendre et adhérer aux enjeux de personnages effectivement très passionnés, mais avec lesquels nous ne parvenons pas à entrer en empathie. Les séquences de « performance » elles-mêmes, de par leur côté volontairement peu spectaculaire, peuvent presque ennuyer – en tout cas tout au plus intriguer – le béotien en matière de dressage hippique.
(C) Le Pacte Distribution
Objet certes hybride, à la croisée de genres peut-être mal définis, Sport de filles déçoit par des choix hasardeux, y compris sur des plans « techniques » de production, de montage ou de musique. Lorsque le film dévie sur sa partie « allemande » (une obligation de la coproduction ?), le spectateur est définitivement perdu quant au dessein réel du film. Car au bilan, il est difficile de tracer les contours d’un propos, ou même d’une intention générale venant de la part de la réalisatrice. Ce qui demeure du film, ce sont les rares plans habités d’une réelle sensualité entre homme et animal, au détour de séquences « hors récit », capturées dans un décor naturel par la toujours très talentueuse Caroline Champetier, chef-opératrice primée pour son travail sur Des hommes et des dieux. Des images, certes ; mais trop peu en somme, pour cette course qui nous laisse malheureusement d’emblée sur la touche.
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