Paul Sanchez est revenu ! Patricia Mazuy - critique

Critique : Ça commençait pourtant bien. Du générique psychédélique surgissait la fameuse N7, avec ses traditionnelles rangées de magasins, le long de la si célèbre route. Un homme, un certain Monsieur Gérard, visiblement abattu, s’apprête à acheter une voiture de luxe pour son épouse afin de soulager sa mélancolie. Mais, premier imprévu, sa banque refuse de procéder au virement de 26 000 euros. Puis, quelques minutes plus tard, dans un commissariat de province, où l’on découvre non sans stupeur, une affaire avec Johnny Depp dont le véhicule aurait été retiré abusivement par une jeune policière enthousiaste et débonnaire. Le ton est donné dans ce nouveau film de Patricia Mazuy (Peaux de vaches, Saint-Cyr) qui revient après sept ans de silence, depuis son dernier long Sport de filles.

© 2018 SBS Distribution. Tous droits réservés.

On entre ou on n’entre pas dans le film ? Le ton pose problème. S’agit-il d’une comédie potache, à la limite du surréalisme, ou d’un véritable drame policier, habité par des personnages aux identités complexes ? A commencer par le personnage éponyme. Paul Sanchez dont on apprend le retour dans la région, après des années d’exil, est un criminel qui n’est pas sans faire écho à l’affaire Dupont de Ligonnès qui aurait assassiné, dans des conditions assez similaires, sa propre famille. Mais, manifestement, Paul Sanchez est moins adroit que le fameux criminel de Nantes. Il dissémine des traces de son passage un peu partout, et va même contacter un journaliste raté de la presse locale afin de lui solliciter une écoute bienveillante. Le scénario fait montre d’une véritable originalité, celle de décrire les processus à l’œuvre dans le travestissement et l’imposture psychologique, mais les maladresses de l’écriture font rapidement perdre de vue le projet du film.

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Si la réalisatrice s’est pourtant entourée des conseils d’un scénariste, Yves Thomas, connu pour ses enseignements à la grande Fémis, le récit s’égare dans des détails empreints de maladresse. Les personnages sont souvent cousus de fil blanc, au milieu d’une narration qui avance autant qu’elle peut vers le coup de théâtre final. Si Laurent Lafitte endosse honnêtement son rôle de criminel, aux côtés de Zita Hanrot, la vedette de (Fatima), enthousiaste, le récit n’est pas taillé à la proportion de la carrure des deux comédiens. Laurent Lafitte ressemble à un animal perdu, abattu, sans doute en écho à ce loup dont les journaux locaux titrent le retour dans la région du Var. On assistera d’ailleurs à une apparition quasi fantasmatique en hors-champ du canidé gris, alors que la jeune flic, naïve, s’apprête à arrêter Paul Sanchez, tapi dans le Rocher de Roquebrune. Même la musique qui accompagne le récit finit par devenir agaçante, ne parvenant pas à soutenir l’intensité dramatique de l’histoire.

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Néanmoins, s’il faut retenir quelque chose à ce film, c’est le regard magnifique que la réalisatrice pose sur la région du Var où se côtoient dans l’anarchie, des paysages somptueux, le basalte assommant des autoroutes et les villas luxueuses du sud de la France. En attestent ces plongées régulières du haut du Rocher de Roquebrune où notre héros, au bord du précipice moral et psychique, contemple la nature se fondre au vrombissement continu des voitures sur l’autoroute.