Prix d’interprétation à Cannes
Le 24 octobre 2011
Les derniers moments d’un intermédiaire de l’ombre. Le renouvellement du style d’un grand cinéaste et un prix d’interprétation cannois mérité pour Javier Bardem.
- Réalisateur : Alejandro González Iñárritu
- Acteurs : Javier Bardem , Blanca Portillo, Ruben Ochandiano, Maricel Álvarez, Ana Wagener
- Genre : Drame
- Nationalité : Espagnol, Mexicain
- Distributeur : ARP Sélection
- Durée : 2h27mn
- Date télé : 17 novembre 2016 22:20
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 20 octobre 2010
- Festival : Festival de Cannes 2010
Résumé : L’histoire d’Uxbal. Père dévoué. Amant tourmenté. Fils désemparé. Intermédiaire de l’ombre. Proche des disparus. Attiré par les fantômes. Sensible aux esprits. Survivant au cœur d’une Barcelone invisible. Sentant que la mort rôde, il tente de trouver la paix, de protéger ses enfants, de se sauver lui-même. L’histoire d’Uxbal est simple et complexe, à l’image de nos vies d’aujourd’hui.
Critique : Au premier abord, Biutiful pourra déconcerter les fans de Iñárritu qui s’attendent à un film choral de plus, dans la lignée d’Amours chiennes et Babel, ou à un scénario à tiroirs de la veine de 21grammes. Ici, point de narration dispersée aux niveaux spatial et temporel ou de montage en abyme, procédés stylistiques qui avaient fait le succès des précédents opus. Le cinéaste préfère miser sur l’unité de temps, de lieu et d’action et se concentrer sur un unique personnage principal (prodigieux Javier Bardem), dont on suit les déboires affectifs, matériels mais aussi médicaux, la révélation d’un mal incurable servant de catalyseur et plongeant le protagoniste dans des situations extrêmes. Cette chronique d’une vie pas si ordinaire rejoint la force d’un certain cinéma indépendant peignant le monde des losers : celui des Schatzberg, Sayles et autres Cassavetes, auxquels Iñárritu peut être ici affilié, quand ses précédentes œuvres tenaient plutôt du brio altmanien.
La fausse improvisation de certains dialogues, l’apparente hésitation documentaire de la réalisation mais aussi la critique sociale en filigrane traduisent par ailleurs l’influence d’un certain cinéma européen, et l’on peut penser que le choix de Barcelone, ville emblématique d’une certaine Europe au passé historique enraciné mais au cœur de tous les brassages culturels, n’est pas fortuit : la séquence montrant la mort accidentelle d’un groupe de travailleurs clandestins rejoint ici la force subversive du cinéma des Dardenne ou d’un Ken Loach. Au-delà de ces influences, Alejandro González Inárritu réussit le pari de renouveler son style, tout en proposant un subtil compromis entre espérance et pessimisme, agitation et apaisement, étude clinique et dolorisme, sobriété et lyrisme. Du grand art.
– Festival de Cannes 2010 : Prix d’interprétation masculine pour Javier Bardem
– Goya Awards 2011 : Meilleur acteur
– Ariel Awards, Mexico 2011 : Meilleure photo
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
roger w 1er novembre 2010
Biutiful - la critique
Tout bonnement un des chefs d’oeuvre de l’année : désespéré, poignant et d’une noirceur rarement vue. Indispensable.
Jujulcactus 5 décembre 2010
Biutiful - la critique
Mr Inarritu reviens après « 21 grammes » et « Babel », mais sans son acolyte habituel, avec « Biutiful » accueilli par le prix d’interprétation masculine au dernier festival de Cannes... Un drame une fois de plus construit en film choral mais avec une trame principale centrée sur un père de famille malade sur lequel tombent tous les malheurs du monde... Un film qui ne s’éloigne jamais de son sujet, qui joue beaucoup sur la corde sensible, quitte à en devenir un peu lourd voire un peu glauque (avec tout cet univers de la rue, et la pauvreté ambiante)... Mais le film touche par sa justesse... Les interprétations impeccables de Xavier Bardem et de Maricel Alvarez (véritable révélation en mère schizophrène) y sont pour beaucoup, les seconds rôles sont aussi très bons, la réalisation d’une grande efficacité avec de très beaux plans, la musique colle parfaitement aux images ... L’émotion passe, notamment par quelques scènes très fortes qui prennent aux tripes, mais aussi par l’ensemble du film grâce à cette famille touchante, déchirée et déchirante... Ce qui rend peut-être le film un peu long c’est qu’il est assez éprouvant sur la durée .. Cette déchéance dont on connait la fin par avance arrive à nous surprendre et à nous boulverser. Mr Inarritu a signé là un grand film, son meilleur.
Sébastien Schreurs 26 février 2011
Biutiful - la critique
L’exploit de Inarritu sur "Biutiful" est double... Maintenir la barre aussi haute que "Babel" et livrer une histoire aussi crédible et déchirante sans l’aide de Arriaga. Du très très grand art enrichi par l’interprétation inouïe de Bardem. Le jury de Cannes a eu un culot monstre (et un fameux complexe d’infériorité) en le privant à nouveau de la Palme d’or...