Délit de faciès
Le 19 juillet 2015
Sur un ton hystérique, le nouveau film de Djamel Bensalah s’attaque (gentiment) aux préjugés de Paris contre la banlieue, en infiltrant la police avec son trio de comiques black-blanc-beur. Électrique et parfois surprenant.
- Réalisateur : Djamel Bensalah
- Acteurs : Sandrine Kiberlain, Roland Giraud, Josiane Balasko, Gérard Jugnot, Biyouna, Jean-Claude Van Damme, Sacha Bourdo, Julien Courbey, Frédérique Bel, Éva Darlan, François-Xavier Demaison, Popeck, Booder, Issa Doumbia, Steve Tran, Jacques Boudet, Wahid Bouzidi
- Genre : Comédie, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Comédie policière
- Nationalité : Français
- Distributeur : Paramount Pictures France
- Durée : 1h39mn
- Date télé : 6 juin 2019 21:00
- Chaîne : CSTAR
- Date de sortie : 12 octobre 2011
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Résumé : À vingt-cinq ans, Khalid Belkacem avait tout raté : son BEPC, son code de la route, son BAFA, et même son BCG. Il ne s’attendait pas à devenir le premier "discriminé positif" de la police. Mais comme dit sa mère, "C’est ça, la France ! Elle donne sa chance à tout le monde !"
Critique : Dans la vague des nouveaux genres, quoi de plus « in » qu’une « comédie communautaire »... Et pourtant, le nouveau film de Djamel Bensalah - lancé dans le grand bain après le succès de Neuilly-sa-mère ! - ressemble plutôt à une comédie de « communautés », au pluriel, ou à une comédie de « territoire ». Après avoir lorgné du côté des (très) fortunés, c’est sur le terrain délabré des laissés-pour-compte de la ville que l’intrigue part se promener, dans un « 9-9 » fictionnel aux apparences de reportage de JT. Avec quelques surprises : Villeneuve-sous-Bois n’est pas une « banlieue », c’est un village doté de son centre névralgique - le café du coin -, de ses figures et de ses débrouilles ; la vraie cité, elle, est rejetée à l’extérieur (les sauvageons des « Abeilles », qu’on ne voit jamais, mais dont on constate les dégâts). L’enfer, c’est toujours les autres ! D’où l’impression étrange que Beur sur la ville dépeint la banlieue avec le même parfum nostalgique qui aurait pu servir, dans un autre contexte, à reconstituer le Paris des années 1950. C’est bien entendu sans compter le cahier de doléances qu’exploite le film avec humour : tout le monde triche aux allocations chômage mais a depuis longtemps perdu tout espoir en l’État, la drogue fait sa loi et les préjugés demeurent tenaces... On ne s’étendra pas sur le propos politique, qui passe tout de même largement au second plan derrière l’intrigue comico-policière, même si la « question » centrale - celle de la discrimination positive - est assez bien vue (face à un problème réel, faut-il invoquer l’égalité républicaine, ou prendre le risque d’une certaine démagogie ?), et incarnée avec drôlerie par le duo Roland Giraud / François-Xavier Demaison.
- © Carole Bethuel - Stéphan Gladieu © MMC
Pour le reste, Djamel Bensalah s’est fixé un mot d’ordre, s’éloigner du point de vue « bon enfant » de Neuilly-sa-mère et explorer un terrain plus déjanté. Par certains aspects, mission est accomplie, car Beur sur la ville se déroule de bout en bout sur un rythme et un volume hystériques, dont les deux acolytes du héros sont les plus fiers représentants. Les scènes les plus réussies capitalisent sur une tonalité à la limite du politiquement incorrect, comme cet épisode où, pour infiltrer la partie de la mosquée réservée aux femmes, l’équipe de police se dissimile sous des burqas - la séquence se terminant en combat d’arts martiaux sous voile intégral. Outre les têtes d’affiche que l’on est plutôt content de retrouver dans un univers et des rôles décalés, comme Josiane Balasko, Sandrine Kiberlain (décidément à l’aise dans une réplique de la Trinity de Matrix), et même Jean-Claude Van Damme ( !), le film sert également de crash test pour Booder, aperçu jusqu’ici dans des prestations comiques sur scène et des secondes rôles, et chargé de porter le film sur ses épaules. Le résultat est encourageant, car c’est lui qui vient souvent calmer la ligne un peu trop survoltée et épuisante du film. Principal point à regretter, la réalisation elle-même, qui cumule les tics de montage et un mauvais goût mal assumé. Reste maintenant à savoir si les spectateurs qui avaient pris en masse le train pour Neuilly embarqueront avec Djamel Bensalah pour Villeneuve-sous-Bois...
- © Paramount Pictures France
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