Il suffit à Christopher Cook d’écrire dix nouvelles pour tailler un costard sur mesure à l’Amérique des culs-bénits et des adorateurs de Dieu. L’écrivain a créé de toutes pièces un bled qu’il a baptisé Bethlehem, dans lequel il fait évoluer des familles moyennes de cette Amérique profonde. De l’adepte de l’auto-défense à la bigote qui voit apparaître le Christ sur la moustiquaire de sa porte, d’une adolescente paumée qui tentera, en vain, de fuir cette ville à un shérif totalement illuminé, les protagonistes de ces textes ont tous quelque chose en commun. C’est la foi en Dieu qui guide et construit leur quotidien.

Ces hommes et ces femmes sirotent du Dr Pepper en se gavant de saucisses arrosées de ketchup. Les uns médisent des autres, convaincus que leur foi les sauvera. L’envers du décor n’est pas reluisant. Finalement, les plus pieux ne sont pas les plus exemplaires, loin de là. A l’image de ce banquier qui refuse un prêt dérisoire à un pauvre type au bord du gouffre. L’ultime humiliation avant qu’il n’y dégringole définitivement. A l’image encore de cette grand-mère qui accueille ses petits-enfants durant quelques jours et qui les fait baptiser à la sauvette pour les nettoyer de l’influence diabolique de la télé...

Au final, Christopher Cook nous offre un recueil de nouvelles qui met à mal les hypocrites habitant l’Amérique bien-pensante. Cette Amérique égoïste, intolérante, raciste et pieuse, dont les représentants n’hésitent pas à flinguer leur voisin pour un mot de travers. Alors, on applaudit des deux mains. Car, pour remettre ce pays à sa place, Cook ne se fait pas prier !