Beginners - la critique

Christopher Plummer impeccable en homme découvrant sa véritable personnalité à 75 ans : Beginners est une oeuvre touchante et sincère.

L’argument : Oliver, illustrateur a Los Angeles, collectionne les ex et les déceptions amoureuses. Quand son père, Hal, tire sa révérence après avoir fait son coming-out a 75 ans et rejoint avec entrain la communauté homosexuelle, Oliver se penche sur ses relations familiales et ses échecs sentimentaux. Et il hérite d’un chien philosophe et bavard. La dépression guette. Jusqu’au jour où il rencontre Anna...

Notre avis : Hal et sa femme ont vécu quarante ans d’un mariage que leur fils, Oliver, croyait heureux. A la mort de sa mère, ce dernier apprend qu’en épousant sa femme, son père a renoncé à son homosexualité et qu’elle-même a mis de côté sa judéité. Mais peut-on réellement échapper à ce que l’on est, travestir sa personnalité jusqu’à l’altérer complètement ? Manifestement non puisque Hal décide de vivre une seconde existence en révélant, à 75 ans, son homosexualité et en décidant de vivre les années qu’il aurait dû connaître pendant sa jeunesse.

On pourrait croire que Beginners retrace « simplement » l’évolution de cet homme plus tout à fait dans la force de l’âge et pourtant bien décidé à vivre sa vie, mais Mike Mills a fait le choix de présenter en parallèle l’existence du fils. Son regard sur lui-même mue également ; les changements de l’homme qui l’a élevé le remette en question, l’interroge sur les choix qu’il effectue, sur son incapacité à vivre pleinement sa vie. A passer peut-être un peu trop souvent à côté du bonheur, notamment auprès des femmes qu’il rencontre et qu’il aime.
Ce long-métrage est touchant dans sa simplicité ; le cinéaste n’a pas fait de choix prononcés de mise en scène. Les décors, l’éclairage, les vêtements des acteurs sont sans fioriture, sans mouvement singulier. Et pour cause, il s’agit somme toute de personnes ordinaires, d’autant plus que Mike Mills s’est largement inspiré de sa propre expérience pour écrire son film qui résonne comme un hommage à son père.

Le choix de Christopher Plummer dans le rôle principal se révèle particulièrement judicieux pour incarner avec sobriété la générosité et les imperfections d’Hal, ne surjouant jamais le bonheur qui transparait de son personnage. Celui-ci s’est trouvé, cela se passe de commentaire, l’évidence éclate. Comme celle de la réussite patente de ce long-métrage, tout autant cocasse, fin et bouleversant que son personnage central.