De l’absurdité d’une guerre
Le 18 août 2014
Œuvre percutante et engagée qui utilise l’armée et ses soldats pour faire vaciller les fondations d’un conflit impopulaire et sans vainqueur. Un film courageux qui saura séduire tous les publics.
- Réalisateur : Joseph Cedar
- Acteurs : Oshri Cohen, Itay Tiran, Eli Eltonyo
- Genre : Drame, Film de guerre
- Nationalité : Israélien
- Durée : 2h
- Date de sortie : 26 mars 2008
- Plus d'informations : Site officiel du film :
Œuvre percutante et engagée qui utilise l’armée et ses soldats pour faire vaciller les fondations d’un conflit impopulaire et sans vainqueur. Un film courageux qui saura séduire tous les publics. Ne pas s’abstenir.
L’argument : Dans l’ancienne forteresse croisée de Beaufort, située au Liban, l’armée israélienne maintient un avant-poste, symbole de l’une de ses guerres les plus contestées. Sur cette montagne perdue loin de tout, un jeune homme âgé de 22 ans, Liraz Liberti, commande la petite garnison. Entre sens du devoir et jeunesse, entre ennemi invisible et contexte militaire lié au retrait de Tsahal après 18 ans d’occupation, Liraz et ses hommes essaient tant bien que mal de remplir leur mission impossible. Chaque jour est imprévisible et la vie s’écoule, jusqu’à la nuit du 24 mai 2000, lorsqu’une gigantesque explosion illumine le ciel et détruit complètement l’avant-poste...
Notre avis : De la forteresse des croisés, il ne reste que des ruines ; de l’avant-poste bétonné, il ne reste que du gris froid et austère, et du fer rouillé ; des vies alentours, rien sauf des bombes qui tombent inlassablement ; de l’armée, que des appelés âgés de moins de 25 ans, véritable chair à canon. Ce métrage engagé de Joseph Cedar est un véritable pamphlet contre la guerre. Pendant deux heures, aucun civil n’est visible. Seule la vie d’une vingtaine de jeunes militaires palpite sous le regard hagard des spectateurs.
Rejeté par de plus en plus d’israéliens, ce conflit absurde n’en est pas moins réel. Le film est rythmé par les bombes qui tombent, blessant, tuant les uns après les autres ces jeunes derniers occupants israéliens en terre libanaise, qui n’ont pas même le droit de répliquer. Ils sont là pour subir et accepter le rôle qu’on leur a assigné : mourir pour la patrie. Personnage central du métrage, le jeune lieutenant qui a tout juste 22 ans, symbole de cette absurdité, est empêtré entre les murs bétonnés du fort, tout comme il est coincé entre son devoir d’obéir et le désir si humain de sauver ses hommes, même si, en l’occurrence, les deux sont impossibles. Il est implacable, voire violent, à la limite de l’intransigeance, quand il s’agit de suivre les ordres. Terrifié par la peur de perdre l’autre, il se montrera impuissant quand il faut sauver son meilleur ami. Il sera pourtant le dernier dans le fort avant son abandon et sa destruction, la survie de ses hommes passant avant tout.
La plus grande force du film réside dans le fait qu’il n’y ait pas de héros, juste des êtres tellement humains qu’on finit par s’identifier à eux, par subir leur sort. La violence du combat, la beauté des images, la peur qui transpire des soldats et de la pellicule nous parcourent le corps et vont droit en plein cœur. Avec justesse, sans fioriture et sans larmoiement, Joseph Cedar nous embarque dans cette citadelle : il la connaît parfaitement, ayant erré pendant 9 mois (entre 1987 et 1989) dans ses galeries souterraines. Il nous livre cette expérience avec toutes ses contradictions, sa violence et ses faiblesses, dans une réalisation soignée qui nous tient sans cesse à bout de souffle .
Sans concession face à l’arrogance d’un état qui a du mal à accepter la perte de cet avant-poste et une armée inflexible nonobstant la détresse de ses hommes, la réalisation de Joseph Cedar, permet au cinéma israélien de s’enrichir d’un jalon de plus. Les Américains n’y sont d’ailleurs pas restés insensibles puisqu’ils l’ont sélectionné dans la catégorie du meilleur film étranger pour les Oscars en 2008. Un choix tout à fait judicieux vu le caractère universel de ce métrage à découvrir absolument.
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Norman06 29 avril 2009
Beaufort
Estimable et sincère, ce film d’une grande rigueur est un huis-clos prenant et un brulot anti-guerre plutôt subtil. On est pourtant loin de À l’ouest rien de nouveau ou même de Streamers et un certain statisme relâche quelque peu l’attention.