Le 27 août 2018
L’un des derniers films de Gordon Douglas, western malin et audacieux.
- Réalisateur : Gordon Douglas
- Acteurs : Lee Van Cleef, Warren Oates, Forrest Tucker, Mariette Hartley, Kerwin Mathews
- Genre : Western
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Les Artistes Associés
- Editeur vidéo : Sidonis Calysta
- Durée : 1h55mn
- Box-office : 568 579 entrées France / 158 830 Paris-périphérie
- Date de sortie : 29 juillet 1970
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– Sortie combo DVD + Blu-ray : le 18 juillet 2018
Résumé : Les déboires de Jake Remy et de sa bande, qui après avoir pillé une ville du Texas se dirigent vers le Mexique.
- Aubrey Schenck Productions - Les Artistes Associés (distributeur salle) - Sidonis (éditeur dvd)
Notre avis : Remy et sa bande mettent à sac une ville et s’enfuient. Ils arrivent près d’une rivière mais le « barquero » qui doit les faire passer, Travis, a mis les habitants à l’abri sur l’autre berge et refuse de revenir. Le film tient tout entier sur cette opposition entre les deux hommes, les deux groupes, une situation absurde, un grain de sable incongru dans un plan simple. La gageure de Gordon Douglas, cinéaste à l’impressionnante carrière, est de tenir avec un matériau de base aussi étique sans que l’intérêt baisse. Comment mettre en valeur un conflit quand les protagonistes sont de part et d’autre de la rivière ? La solution est autant scénaristique que purement cinématographique, elle tient autant à la gestion de l’espace qu’à des péripéties relativement peu nombreuses.
Ce que Douglas a parfaitement intégré, c’est la situation du genre en 1970 : il emprunte à Sergio Leone (saleté, sueur, dilatation du temps) et à Sam Peckinpah (explosions de violence, longues fusillades), les deux dynamiteurs en chef, pour créer un hybride passionnant qui contient une réflexion « méta » soulignée par les dialogues comme par l’image. Dès le départ en effet, Travis et son compère Phil réfléchissent sur le changement d’un monde : disparition des « contrées sauvages », absence des Indiens ; un peu plus tard c’est son amante d’un jour qui lui dira qu’il est un « animal préhistorique », que les « squatters » ont gagné. Difficile de ne pas faire le rapprochement avec le western, privé de ses enjeux classiques, débarrassé de ses atours prestigieux, de son romanesque, épuisé : fini les héros vertueux (Travis couche avec une femme qui s’offre à lui pour sauver son mari), les grands espaces (l’horizon est bouché de part et d’autre de la rivière par des montagnes), les enjeux de prix (une barge), les méchants raffinés (Remy est une brute entêtée qui devient fou). Douglas enregistre la fin d’une époque qu’il a connue et pratiquée et, d’une certaine manière, Barquero constitue un baroud d’honneur de la vieille garde hollywoodienne. Même le duel final perd de son ampleur, expédié en quelques secondes, d’une berge à l’autre.
Mais Douglas suggère également que Travis et Remy sont des doubles pas toujours inversés : ils ont chacun un attribut (le chapeau, la pipe), un acolyte ; tous deux font face à des dissensions internes, et si l’un prend un otage, l’autre en a déjà un. Ces similitudes forment comme un miroir tendu à travers la rivière entre ces deux hommes du passé, ces statues fossilisées d’un âge finissant. Mais à la faconde grotesque de l’un s’oppose la réserve de l’autre, à la cupidité le désintéressement. Et si Travis ne cesse d’organiser, Remy est fréquemment dépassé par la situation : le déblocage ne viendra pas de lui, mais du Français qui l’accompagne, sa « tête ».
Bertrand Tavernier souligne dans les suppléments le professionnalisme de Douglas : de fait, les fusillades sont habiles et convaincantes. En revanche le rythme faiblit tout de même dans des séquences dispensables (le flash-back, notamment) et l’abus de zoom irrite. Néanmoins, on tient là un western tardif très stimulant, impeccablement mené et interprété : pour les amateurs, un indispensable.
- Aubrey Schenck Productions - Les Artistes Associés (distributeur salle) - Sidonis (éditeur dvd)
Les suppléments :
Comme à l’habitude, en dehors des galerie photos et bande-annonce, ce sont les interventions de Tavernier (26mn) et Brion (6mn) qui font le prix des bonus. Si le premier s’attarde longuement sur la carrière de Douglas et sur le film, le second est moins disert. Signalons que ces suppléments datent de 2009, c’est à dire de l’édition précédente.
L’image :
Quasi absence de grain (certains le regretteront), vivacité des couleurs, une copie propre et stable.
Le son :
La VO est sans défauts, sans souffle, sans saturations. On profitera donc d’une piste DTS-HD Master Audio 2.0 de haute volée. La VF est en-deçà, et même pénible sur la longueur.
- Aubrey Schenck Productions - Les Artistes Associés (distributeur salle) - Sidonis (éditeur dvd)
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