Le 27 novembre 2022
Cette évocation d’une mythomanie en actes refuse tout effet de dramatisation. C’est à la fois sa qualité et sa limite, le récit s’enlisant peu à peu dans une succession de scènes prévisibles.
- Réalisateur : Jöns Jönsson
- Acteurs : Moritz von Treuenfels, Ricarda Seifried, Thomas Schubert, Petra Welteroth, Max Themak
- Genre : Comédie, Drame, Comédie dramatique
- Nationalité : Allemande
- Durée : 1h52min
- Festival : Festival de Berlin 2022
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Résumé : Qui n’a jamais rêvé d’une vie moins ordinaire, ou de présenter en chaque circonstance la meilleure version de soi-même ? Julius l’a fait ! Il n’a beau être qu’un simple gardien de musée, selon ses interlocuteurs – y compris sa compagne, Marie – il est un grand compositeur de musique, un célèbre architecte ou un artistocrate. Avec un culot monstrueux, il s’invente des vies, pour charmer. Est-ce de l’insécurité chronique, une pathologie ou un besoin de subversion ? Julius est-il l’équivalent de Patrick Bateman ou de Tom Ripley ? Un axiome, après tout, est un principe pour lequel aucune preuve n’est requise…
- Copyright Martin Menke / BonVoyage
Critique : À défaut de vivre sa vie, Julius la raconte et la démultiplie en autant d’histoires qui configurent des identités potentiellement infinies, puisque la sienne ne lui convient pas et que son travail l’ennuie. D’ailleurs, les premières secondes du film le saisissent dans la contemplation d’un dehors, lui qui surveille son musée où d’autres parlent, ratiocinent à n’en plus finir sur les peintures.
Quelle histoire dira la solitude du gardien de musée, quasiment condamné au silence ou à quelques réprimandes sur l’attitude des visiteurs ? Est-ce pour cela que le protagoniste monopolise l’attention, surpris en flagrant délit de mensonges, mais toujours prêt à remettre le couvert, s’inventant des parents morts ou un métier d’architecte, se dénudant pour prouver une attaque de tiques sur son pubis ?
Le mérite de ce long métrage est de ne pas s’engager sur la voie d’une résolution, afin de laisser au personnage une part d’opacité, à travers des séquences de plus en plus étirées, en plans fixes. Mais la mise en scène finit par tourner en rond dans un dispositif qui refuse toute velléité dramatique et laisse paradoxalement au spectateur le sentiment d’avoir cerné le personnage par la simple répétition d’attitudes : parmi elles, une tendance à inventer des mensonges à partir d’histoires que d’autres ont vécues ou à philosopher (fort mal) sur la base de réflexions qui semblent donner la clef d’une obsession mythomane.
À distance du protagoniste et de ses problèmes, on se demande si cette figure lunaire finalement prévisible ne méritait pas des conséquences plus idoines, conformes à ses affabulations totalement improbables. Restent quelques images méditatives d’une réelle beauté, comme ce trajet d’une nucule emportée par un cours d’eau.
- Copyright Martin Menke / BonVoyage
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