Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve
Le 10 mai 2008
Une fable sombre et pessimiste hantée par le mal de vivre, portée magistralement à l’écran par Macha Méril et Patrick Jouané.


- Réalisateur : Guy Gilles
- Acteurs : Bernard Verley, Macha Méril, Patrick Jouané, Élina Labourdette, Orane Demazis, Lili Bontemps
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français

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– Durée : 1h08mn
Une fable sombre et pessimiste hantée par le mal de vivre, portée magistralement à l’écran par Macha Méril et Patrick Jouané.
L’argument : Une jeune fille se souvient, et revit son amour pour un jeune révolté, ancien fugueur et délinquant, qui refuse, jusqu’à la mort, le monde tel qu’il est.
Notre avis : Deuxième long métrage du réalisateur après L’amour à la mer, mais le premier à être distribué en salle, décrit par Guy Gilles lui-même comme "un film rêvé, écrit et réalisé à rebours de toutes les modes", Au pan coupé fut injustement boudé à sa sortie.
Produit et interprété par Macha Méril, le film marque également les débuts du couple acteur/réalisateur formé par Patrick Jouané, révélation et vraie gueule de cinéma, et Guy Gilles.
Habité par le souvenir, autre thème de prédilection du réalisateur, Au pan coupé entrecroise habilement deux temporalités, mêlant images en couleur du passé et en noir et blanc du présent, pour conter avec force gros plans l’histoire d’un amour en sursis, mort avant d’avoir commencé. Alors que Jean qui aimait Jeanne refusait de se laisser aimer en retour, Jeanne, rongée par la culpabilité de n’avoir pas pu l’aider, se souvient. Hanté par la mort, très pessimiste sur l’avenir de l’homme mais aussi de la planète, le film semble accumuler les énumérations (d’objets, de lieux, de plantes) comme si cela avait la capacité de stopper le temps.
Au pan coupé est le bref parcours d’un écorché vif qui ne voulait pas vivre au-delà de 20 ans, comme en écho au titre du journal que lit Daniel dans L’amour à la mer. Mais contrairement à Daniel, Jean n’a pas réussi à rectifier le tir, bien que lui-même y ait cru un temps. Alors, comme dirait Barbara, "voilà que soudain on y pense à ceux qui n’en sont pas revenus du mal de vivre, leur mal de vivre qu’ils devaient vivre vaille que vivre".