Le 26 octobre 2015
Un beau film historique qui, à travers un destin exemplaire, se révèle une charge féroce contre le pouvoir ecclésiastique.
- Réalisateur : Luigi Magni
- Acteurs : Salvo Randone, Nino Manfredi, Ettore Manni, Giovanni Cianfriglia , Danilo Mattei, Carmen Scarpitta, Carlo Bagno, Guglielmo Spoletini
- Genre : Comédie dramatique, Historique
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Carlotta Films
- Editeur vidéo : M6 Vidéo
- Durée : 1h47mn
- Reprise: 11 décembre 2024
- Titre original : In nome del papa re
- Date de sortie : 15 décembre 1978
L'a vu
Veut le voir
– Reprise en version restaurée : 11 décembre 2024
Résumé : Rome, 1867. Déjà drastiquement réduit par l’unité italienne, le pouvoir temporel du pape est désormais contesté au sein même de la ville éternelle, où les patriotes libéraux sont de plus en plus actifs. Juge au tribunal du Sacré Collège, Monseigneur Colombo songe à démissionner. Mais une vieille amie, la comtesse Flaminia, fait appel à lui pour sauver la tête d’un jeune patriote arrêté après un attentat à la bombe contre une caserne de zouaves pontificaux. Colombo s’efforce de sauver la situation, d’autant que la victoire libérale semble inéluctable et que le jeune conspirateur n’est pas étranger à un bref moment d’égarement qu’il a eu vingt ans plus tôt avec la comtesse...
Critique : Peu connu en France, Luigi Magni réalisa plusieurs films historiques, situés au XIXe siècle, dans les années autour de l’unification de l’Italie. Au nom du pape roi est l’un d’entre eux, et donne envie de connaître les autres. Car le scénariste-réalisateur réussit une œuvre étonnante, mêlant les tons, de l’humour loufoque au mélodrame, avec une élégance formelle et des dialogues brillants. Commençons par ceci : on rit beaucoup dans la majeure partie du film des facéties de Nino Manfredi, et ses confrontations avec son serviteur rappellent les comédies de Molière (certaines répliques en ont la saveur !) L’acteur est maître de la moindre expression et fait un festival, (presque) sans cabotinage, jusqu’à l’émotion de la fin, poignante. Mais c’est aussi qu’il défend un personnage riche en nuances, celui d’un évêque qui se bat pour sauver son fils, puis les comparses de celui-ci, terroristes menacés de la guillotine : son itinéraire, qui va d’une lettre de démission à une autre, est une prise de conscience de plus en plus désabusée. D’abord cynique, il s’engage peu à peu ; certes des considérations privées entrent d’abord en jeu. Mais très vite (ah ! Les scènes avec la mère de l’un des condamnés, notamment celle où elle refuse l’hostie !) il affronte l’autorité ecclésiastique et, au final, les plus retors, les Jésuites. Là encore, la séquence finale est admirable : le Jésuite arrive pendant la messe ; il avance interminablement, le bruit de ses pas croissant, et Manfredi lui refuse la communion, en un geste de révolte désespérée. Il ne lui reste plus qu’à prononcer les derniers mots : « La messe est dite ».
- Nino Manfredi
- © 2024 Carlotta Films. Tous droits réservés.
Le scénario, très construit, permet à Magni de traiter de grandes questions (l’honneur, la paternité, la dignité, la morale) ; mais cela se fait sans grandiloquence et c’est même une forme d’humilité qui rend la réflexion plus forte. C’est cependant à l’Église qu’il réserve ses flèches les plus cruelles avec, d’ailleurs, un anticléricalisme plus nuancé qu’il n’y paraît : certes, dès le générique, des dessins féroces conspuent l’Église ; mais ce que Magni critique avec férocité, c’est le pouvoir clérical : on sent une tendresse pour les « petits prêtres », auxquels Manfredi s’identifie. En revanche pour l’apparat, les juges gâteux, les procès iniques, l’hypocrisie, toute la pompe (superbement restituée), il n’a aucune indulgence.
Il faudrait évidemment ajouter que le film se teinte d’une subtile tendresse, qui s’installe entre le père et le fils, et qui contamine d’autres personnages. En même temps apparaît la noirceur qui, elle aussi, se répand jusqu’à infuser toute la fin. C’est au fond, et malgré les vrais moments de comédie, une vision très sombre de la société que propose Magni, avec l’idée que le pouvoir, historiquement situé, a changé de nom, mais ses excès, l’injustice et la manipulation perdurent. Et au fond, quelle que soit l’époque, la dignité humaine consiste à se dresser contre, même et surtout si le combat est perdu d’avance.
Les suppléments :
En 29 minutes, Jean A. Gili situe le film dans un contexte historique, l’analyse, étudie la réception et les polémiques qui ont suivi sa sortie. On apprécie une fois de plus son érudition et sa faconde.
L’image :
Belle copie qui restitue de belle manière en particulier l’opulence des couleurs et des costumes. Quelques tremblements, de rares plans un peu flous, rien donc de rédhibitoire.
Le son :
La seule copie (VO Dolby Digital 2.0 Mono) propose un son clair aux dialogues parfaitement audibles.
– Sortie DVD : 21 octobre 2015
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.