Littérature francophone - Prix Renaudot 2002
Le 26 novembre 2002
Un roman foisonnant qui, certes, plaira aux amateurs du genre mais risque de laisser sur leur faim ceux qui attendent de la littérature qu’elle ouvre plus que des espaces géographiques et historiques.
- Auteur : Gérard de Cortanze
- Editeur : Albin Michel
- Genre : Roman & fiction, Littérature blanche
- Prix : RENAUDOT
Gérard de Cortanze dont le grand-père, chauffeur de taxi, soutenait, contre toute vraisemblance, qu’il était né à Marseille, a mis cinquante ans pour se réapproprier l’histoire de sa famille. Pâte d’une richesse inouïe que ces Boero di Cortanze, dont l’arbre généalogique, remontant aux Croisades, est truffé d’individualités aux destins surprenants. Comme ceux d’Ercole Tommaso, héros lampédusien des Vice-rois ou de son fils, Roberto, figure centrale de Cyclone.
Si ses deux précédents romans balayaient la première partie du XXe siècle, Cortanze fait, avec Assam, dernier opus de sa trilogie historique et prix Renaudot 2002, un retour en arrière de plus de cent ans pour mener son lecteur à la toute fin du XVIIIe, au moment où l’armée française du Directoire envahit l’Italie du Nord. Le monde du jeune Aventino Boero di Cortanze s’écroule. Fuyant son Piémont natal gagné aux idées révolutionnaires, il prend la route des Indes, à la recherche des mystères et des sortilèges du thé.
Voilà pour la trame de cette histoire formidablement dépaysante, extraordinairement documentée, bien menée, certes, et très bien construite mais... est-elle à la mesure de l’oeuvre que l’on était en droit d’attendre de Gérard de Cortanze à la lecture d’ Une chambre à Turin ? Il y a comme un hiatus entre ce récit autobiographique, sorte de making of extrêmement émouvant, et le roman-fleuve qu’est Assam. Fleuve de plus de sept cents pages, qui charrie quelques pépites hélas englouties dans des flots à la fois trop prolixes et trop sages. Fin connaisseur de la littérature sud-américaine, Cortanze s’en est sans doute inspiré pour mener à bien son projet. Mais n’a pas l’âme baroque, l’exubérance et la profondeur d’un Borges, d’un Fuentes ou d’un Bioy Casares, qui simplement le souhaite. Et Cortanze semble avoir perdu de vue qu’un roman marquant ouvre les vannes de l’imaginaire du lecteur tout en l’envahissant d’une émotion qui restera vivace dans sa mémoire. Que reste-t-il au bout d’Assam si ce n’est l’impression d’avoir feuilleté un copieux livre d’images ?
Il faut se garder de comparer ce qui n’est probablement pas comparable, mais on ne peut s’empêcher de songer à ce que Baricco a fait d’un sujet cousin - la recherche du secret de la soie - dans son merveilleux roman d’une poignée de pages [1].
Alors, à ceux qui s’inquiètent de ce qu’écrira Cortanze maintenant qu’il a bouclé son ambitieuse entreprise de fiction historique et familiale, la réponse paraît aller de soi : qu’il nous parle encore des siens, qu’il puise dans cet opulent terreau, mais qu’il fasse taire sa pudeur, qu’il n’ait pas peur d’y mettre cette fois... son coeur.
Gérard de Cortanze, Assam, Albin Michel, 2002, 720 pages, 24 €
[1] Soie, paru chez Albin Michel en 1997
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Ingrid de Hinostroza 30 août 2004
Assam - Gérard de Cortanze - La critique
C’est a travers cet espace que je me permets de contacter l’auteur, en qualité de traducteur d’un poeme du poete péruvien, Rodolfo Hinostroza, "Gambito del Rey", faite environ en 1977/1978 et publiée a l’époque soit dans la revue Change, Action Poétique ou Lettres Nouvelles.
Je suis en pleine tentative de retrouver ces traductions existant en francais de certains des poemes de Rodolfo, -a peu pres sept de son livre Contranatura- faites a l’epoque ou il vivait a Paris (1968-1983).
Je vous saurais gré de bien vouloir transmettre ce mail a Gérard de Cortanze.
Merci d’avance,
Ingrid de Hinostroza -
Lima, Pérou
rohinostroza@yahoo.com