Le 6 mars 2024
- Scénariste : Martin Vaughn-James>
- Dessinateur : Martin Vaughn-James
- Editeur : Les Impressions Nouvelles
- Famille : Comics
- Date de sortie : 2 mars 2024
Martin Vaugh-James écrit et dessine cette histoire, errance visuelle dans différents endroits, tous reliés entre eux d’une manière inattendue. Un texte suit les cases pour nous entraîner dans une expérience graphique qui laisse pantois.
Résumé : {La cage} comence avec un grillage donnant sur le désert pour enchaîner sur un paysage de végétation qui nous guide vers une pyramide de type précolombienne, sans aucune marque d’usure. Au sommet de la pyramide, des pierres couvertes de végétations, de draps et une tâche liquide sombre flottante. Et toujours personne dans ces grands espaces vides...
Critique : La cage est une BD, ça ne fait aucun doute, et c’est également un ONNI, comprenez Objet à la Narration Non Identifiée. En effet, sa narration particulière mêle texte et image, comme une BD ancienne où le texte est placé sous ou au-dessus de la case mais jamais dedans. Pourtant, par son contenu, le texte peut s’éloigner autant qu’il peut concorder avec l’image. Quand aux visuels, ces cases vides de dialogues, de sons, mais pas de mouvement, ils nous interpellent. Les décors s’enchaînent ou plutôt, les déplacements dans ces espaces se suivent et ne se ressemblent pas ou un peu, juste assez pour nous perturber. L’histoire ne repose sur aucun personnage. Nous allons de lieu en lieu, de couloirs en salles, de déserts en rues bordées d’immeubles. Des pièces vides, neuves, anciennes, des cases déchirées parfois, des objets encordés ou flottants, ou même se déchaînant dans l’air, tout en gardant leur fixité. Cette expérience particulière nous est présentée dans une belle édition, introduite par un texte de l’auteur, qui est décédé en 2009, et conclue par une analyse de Thierry Groensteen, théoricien de la BD, qui nous propose son regard sur cette cage. Pour cela, il s’est appuyé sur les carnets de Martin Vaugh-James où il a relevé des notes qui peuvent être des pistes d’interprétation. Mais le plus important reste de savoir ce que vous en retirerez, car cette BD vous entraîne ailleurs, dans une narration bien différente de ce à quoi l’on est habitué.
Graphiquement, le dessin en noir et blanc repose sur un trait réaliste. Martin Vaughn-James représente de manière détaillée et précise ces endroits, ces salles, ces murs, ces rues… La BD se compose d’une case par page, mais cette case peut varier de taille mais aussi de position dans la page. De même, le texte qui l’accompagne peut changer aussi de taille, de typo et de position, parfois sous, parfois au-dessus de la case. Il y a donc un véritable travail de mise en page malgré le fait qu’il n’y ait qu’une case par planche.
Le cadrage crée un effet objectif, comme si nous étions celui ou celle qui regarde et assiste à ces événements, ou ces non-événements. Grand panorama, perspective profonde, gros plan sur des objets… Martin Vaughn-James utilise tous les outils de la narration visuelle pour créer cette ambiance étrange, curieuse, où l’on se sent entraîné, au gré des lieux. Il finit la BD sur une conclusion qui est une fin, effectivement, mais qui ne répondra pas ou peu à vos questions. La cage vous accueille, vous l’explorez et en partant, elle garde tout son mystère. Libre à vous de revenir vous y perdre pour comprendre autrement cette lecture.
La cage est une BD déroutante dont la construction est réfléchie, pensée justement pour vous proposer une autre forme de voyage littéraire, une immersion dans un monde mystérieux, où l’homme est absent. Sauf celui ou celle qui lit la BD...
240 pages – 25 €
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