À vaincre sans péril...
Le 2 novembre 2014
Classique trop méconnu du duo à l’origine d’À l’Ouest, rien de nouveau, Arc de Triomphe pose un regard désenchanté sur les derniers jours de la France libre avant le début de la Seconde Guerre Mondiale et nous propose le portrait d’une relation amoureuse complexe et bien loin des clichés hollywoodiens de l’époque.
- Réalisateur : Lewis Milestone
- Acteurs : Charles Laughton, Ingrid Bergman, Charles Boyer, Louis Calhern
- Genre : Drame, Thriller, Historique
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Sidonis Calysta
- Durée : 2h07mn
- Titre original : Arch of Triumph
- Date de sortie : 19 septembre 1948
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– Sortie DVD : le 21 octobre 2014
Classique trop méconnu du duo à l’origine d’À l’Ouest, rien de nouveau, Arc de Triomphe pose un regard désenchanté sur les derniers jours de la France libre avant le début de la Seconde Guerre Mondiale et nous propose le portrait d’une relation amoureuse complexe et bien loin des clichés hollywoodiens de l’époque.
L’argument : Paris, 1938. Le Docteur Ravic, exilé d’Europe Centrale, exerce la médecine clandestinement. Il recherche le nazi Haake dont il souhaite la mort. Il rencontre Joan Madou, veuve à la dérive. Mais lorsque la guerre est déclarée, ils se trouvent entraînés dans une situation dramatique dont ils se seraient volontiers passés.
Notre avis : Arc de Triomphe célèbre les retrouvailles de deux duos particulièrement appréciés des cinéphiles. D’un côté, il s’agit de la deuxième collaboration entre le réalisateur Lewis Milestone et le romancier Erich Maria Remarque après le classique À l’Ouest, rien de nouveau. De l’autre, le couple Charles Boyer et Ingrid Bergman se reforme après Hantise de George Cukor. Et si Arc de Triomphe n’accédera pas au même statut que ces œuvres cultes outre-atlantique, il remportera un succès bien mérité durant sa sortie en France avec plus de 1,5 millions d’entrées. Un plébiscite qui récompense justement un film qui peint un portrait nuancé de la France de 1938 et 1939.
Car ce qui surprend avant tout dans Arc de Triomphe, c’est l’absence quasi totale de concessions aux facilités narratives hollywoodiennes des années 40. Pas de morale, un soupçon d’érotisme, une histoire d’amour complexe et un personnage féminin aux loyautés obscures magnifiquement campé par Ingrid Bergman. Car la mystérieuse Joan, qui vogue d’homme en homme, n’est jamais enfermée dans une catégorie : ni femme fatale, ni victime, ni véritablement infidèle ou femme bafouée, elle est une protagoniste vivante et forte. L’une des meilleures performances de l’actrice aux trois Oscars. Mais il convient également de célébrer la justesse du reste du casting. Ironiquement, Charles Boyer, seul premier rôle français du film, joue un réfugié étranger. Mais il le fait avec un charisme magnétique et une élégance rare. Face à lui, l’immense Charles Laughton, le grand comédien qui réalisera La Nuit du Chasseur en 1955, est terrifiant. Et comment ne pas souligner l’extraordinaire présence de Louis Calhern, vu entre autres chez les Marx Brothers dans La Soupe au Canard et qui délivre un parfait soupçon de chaleur et d’humanité dans ce sombre ensemble.
Magnifiquement capturée dans un noir et blanc très contrasté, cette version de Paris évoque involontairement la mégalopole étouffante de 1984, publié l’année de la sortie du film. Le directeur de la photographie Russel Metty, futur collaborateur de Stanley Kubrick et Howard Hawks, nous offre des jeux d’ombres sensuels et donne au long-métrage une cohérence qui n’est malheureusement pas reflétée par un script confus, victime d’un véritable problème d’identité. Adapté du roman de Remarque, l’intrigue a été sévèrement raccourcie par les producteurs et de nombreuses scènes on été amputées. Ainsi, la sous-intrigue autour du personnage de Charles Laughton est sommairement réglée et éclipsée entre deux scènes et n’a quasiment aucun lien avec la romance des deux protagonistes. Un vrai problème de ton pour une œuvre qui ne sait jamais vraiment où aller, peu aidée par des sauts temporels brutaux et pas forcément maîtrisés. Pourtant, malgré ce manque d’unité, l’ennui ne point jamais, séduits que nous sommes par des personnages hantés et complexes. Car s’il est bien dommage qu’en l’état Arc de Triomphe n’est pas le chef d’œuvre qu’il aurait pu être, il reste cependant un merveilleux tour de force visuel, chronique passionnée des derniers jours d’un pays avant l’Apocalypse. Un film de romance sans mélodrame mais avec un sens éduqué du fatalisme qui confine à la poésie.
- © Sidonis
LE TEST DVD
Un emballage très modeste, avare en suppléments et qui propose une copie du film correcte mais non dénuées de défauts.
Les Suppléments :
Une galerie de posters et de photos publicitaires auxquelles s’ajoute un documentaire de 52 minutes sur Ingrid Bergman, narré par Jean-Claude Brialy et dâté de 1984. Intéressant, il a malheureusement peu de liens avec le film qui nous intéresse. On aurait aimé une petite présentation d’Arc de Triomphe et de sa création si mouvementée.
L’image :
Si la compression sur le support DVD est globalement de très bonne qualité, la copie proposée est parfois problématique. Victime de nombreuses amputations durant sa sortie, cette version d’Arc de Triomphe est issue des archives de l’UCLA et restaure quelques scènes manquantes qui sont malheureusement souvent de piètre qualité, sales et tâchées. Globalement, il s’agit néanmoins d’une présentation correcte.
Le son :
Du fait de la restauration des scènes manquantes, la VF est incomplète et certains passages sont donc automatiquement sous-titrés. La VO, moins étouffée malgré quelques passages un peu confus, est à privilégier. Les deux pistes sont présentées en Dolby Digital 2.0.
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