Amour fou - le test DVD

L’occasion de voir un film original et troublant dans une édition très soignée.

L’argument : Berlin, à l’époque romantique. Le jeune poète tragique Heinrich souhaite dépasser le côté inéluctable de la mort grâce à l’amour : il tente de convaincre sa cousine Marie, qui lui est proche, de contrer le destin en déterminant ensemble leur suicide, mais Marie, malgré son insistance, reste sceptique. Heinrich est déprimé par le manque de sensibilité de sa cousine, alors qu’Henriette, une jeune épouse qu’Heinrich avait également approchée, semble soudainement tentée par la proposition lorsqu’elle apprend qu’elle est atteinte d’une maladie incurable. Une "comédie romantique" librement inspirée du suicide du poète Heinrich von Kleist, 1811.

Le film : Dans ce film qui n’est pas sans rappeler Rohmer et sa Marquise d’O., d’après Kleist, justement, la réalisatrice travaille le figé : des plans fixes étouffants, le jeu marmoréen des acteurs, les dialogues littéraires, la reconstitution minutieuse, tout contribue à une froideur exigeante. Cela donne une œuvre artificielle qui évoque plus des tableaux (Vermeer en particulier est régulièrement convoqué) que le mouvement. Le pari de Jessica Hausner, en grande partie gagné, est que de cet artifice naît une fascination et une émotion subtile. Mais l’austérité voulue a sans doute aussi éloigné les spectateurs, et le film, pourtant accueilli très favorablement, est injustement passé inaperçu.

© Jour2fête

La critique : ICI

Les suppléments :

La réalisatrice revient dans un entretien passionnant de 7mn40 sur la longue gestation et le sens du film. Elle y détaille également ses exigences et leurs conséquences. Outre la bande-annonce et quatre scènes coupées intéressantes mais un peu redondantes, le DVD propose un commentaire audio de la cinéaste, précis et fin, qui aborde des aspects variés, du casting à l’analyse des thèmes, en insistant sur la place du spectateur.

L’image :

Malgré un très léger manque de précision, la copie rend hommage au travail sur la lumière et la couleur qui font de chaque plan un tableau composé.

Le son :

Dans ce film intimiste, les pistes sous-titrées (2.0 et 5.1) mettent en valeur les dialogues et leurs moindres inflexions, capitales dans leur froideur même.