Le 16 janvier 2017
Western flamboyant et intimiste, Alvarez Kelly bénéficie d’une interprétation hors-pair.
- Réalisateur : Edward Dmytryk
- Acteurs : Victoria Shaw, Richard Widmark, William Holden, Richard Rust, Patrick O’Neal, Arthur Franz, Janice Rule, Harry Carey Jr., Barry Atwater, Roger C. Carmel
- Genre : Western
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Columbia France
- Editeur vidéo : Sidonis Calysta
- Durée : 1h56mn
- Date télé : 24 janvier 2024 20:50
- Chaîne : TCM Cinéma
- Date de sortie : 23 novembre 1966
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Résumé : En pleine guerre de Sécession, Alvarez Kelly, un éleveur d’origine irlandaise, livre un troupeau à la plantation Warwick, afin de ravitailler l’armée de Lincoln. Mais Alvarez Kelly est kidnappé par le colonel Lassiter de l’armée confédérée, avec l’aide de Charity Warwick. Il veut que Kelly entraîne ses hommes à conduire un troupeau.
Critique : Bien que tardif, Alvarez Kelly est un western que l’on pourrait qualifier d’opulent : les moyens sont sur l’écran, entre le nombre de figurants et de têtes de bétail, le soin apporté à la lumière et la présence de vedettes. De même, le travail sur la couleur, magnifiquement restitué par le Blu-ray, a-t-il quelque chose du film de prestige, voir par exemple la scène du bal. Dmytryk bénéficie également d’un scénario soigné, qui multiplie les thèmes et sous-thèmes, brassant du même coup le morceau de bravoure (la traversée du marais, le franchissement du pont) et le sens du détail (le rôle de la pomme, la reprise de répliques) avec une habileté certaine.
Pourtant le film, moins attendu qu’il n’y paraît, n’est pas sans étrangeté : outre le parti pris pro-sudiste, quelques séquences semblant changer de registre, voire de genre : avec la discussion dos à dos entre Kelly et Liz, on n’est pas loin de la comédie romantique ; d’autres passages relèvent du mélodrame, avec notamment une belle évocation de la mélancolie sudiste et l’espion maladroit pourrait presque appartenir à un burlesque. De ce mélange impur naît une impression de manque d’unité et la multiplication des pistes et des personnages ralentit singulièrement ce western dont l’action se limite à des grands épisodes, au demeurant peu nombreux. De même, l’importance accordée aux dialogues, par ailleurs souvent subtils ou malicieux, s’ils complexifient une psychologie loin d’être sommaire, donnent l’impression que le film fait du surplace, ou peine à démarrer.
On se réjouit bien sûr de la confrontation entre les mâchoires serrées de Richard Widmark et la décontraction de William Holden, chacun jouant sa partition avec finesse ; ils ne cessent d’ailleurs d’évoluer (aux limites parfois de la vraisemblance), passant graduellement de l’affrontement violent à la complicité. Le jeu avec les personnages secondaires (les femmes, l’aide de camp) n’est jamais négligé : on saluera cette richesse scénaristique inhabituelle, surtout dans les westerns. Mais encore une fois cet écart par rapport aux attentes des amateurs, s’il peut séduire, donne une fâcheuse impression de dispersion.
C’est qu’au fond Alvarez Kelly est constitué d’éléments très réussis, mais la somme de ces éléments n’est pas aussi éclatante qu’on pouvait l’espérer : Dmytryk échoue à unifier les qualités évidentes du film, à lui insuffler un rythme dynamique, malgré un professionnalisme qui réjouit dans les grands moments. Isolément, nombre de séquences sont remarquables : témoin cette belle idée des soldats qui ne parviennent pas à faire entrer des vaches dans un enclos. De même l’interrogation sur la complicité des Noirs, la ruine de Liz et tant d’autres scènes montrent la richesse et l’intelligence d’un scénario qui s’écarte des sentiers battus. À ce titre, auquel il faudrait ajouter la beauté de l’image ou la perfection de l’interprétation, Alvarez Kelly est une œuvre captivante, originale et qui mérite largement d’être vue.
Les suppléments :
Le commentaire de Patrick Brion (10 minutes) revient sur les westerns de l’année 1966, sur les quatre qu’a réalisés Dmytryk, avant de s’interroger sur sa légère déception vis-à-vis de celui-ci. Moins convaincant, le documentaire d’une heure sur William Holden, très informé, tient de l’hagiographie, énervante malgré le prestige de certains intervenants. La bande-annonce et une galerie photos complètent ces bonus.
L’image :
Mirifique ! On pourrait compter les feuilles des arbres, et les couleurs chatoient à merveille. Même les transparences et les nuits américaines enchantent l’œil.
Le son :
Malgré les grands moyens (DTS-HD Master audio), la VF souffre d’une mise en valeur excessive des dialogues, avec, toujours, les insuffisances du doublage. La VO en revanche, parfaitement nettoyée, bénéficie d’une belle ampleur et d’une précision satisfaisante.
– Sortie Blu-ray : 23 janvier 2017
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