Le 7 août 2024
Un premier film qui commence comme un réquisitoire contre l’intolérance religieuse avant de basculer progressivement dans le fantastique. Étonnant, déroutant et passionnant.
- Réalisateur : Juan Sebastián Torales
- Acteurs : Nicolás Díaz, Martina Grimaldi, Maria Soldi, Cali Coronel, Luisa Lucía Paz
- Genre : Drame, Fantastique, LGBTQIA+, Teen movie
- Nationalité : Français, Italien, Argentin
- Distributeur : Outplay Films
- Durée : 1h34mn
- Date de sortie : 7 août 2024
- Festival : Festival de Berlin 2023, Festival Chéries-chéris 2023
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Résumé : Dans son quartier à Santiago del Estero, au nord de l’Argentine, le jeune Nino est régulièrement la victime d’actes homophobes parce qu’efféminé. Afin de le protéger, sa mère très croyante emmène toute la famille à la campagne pour les vacances d’été. La forêt près de la maison a la réputation d’être hantée par l’Almamula, un monstre qui, selon la légende, enlève tous tous ceux qui commettent des péchés charnels. Alors qu’il assiste aux leçons de catéchisme en préparation de sa confirmation, Nino se sent étrangement attiré par la forêt maudite.
Critique : Né en Amérique du Sud, devenu un genre incontournable de la littérature locale, le réalisme magique fait aussi, parfois, des étincelles au cinéma. En 2017, le réussi El Presidente – porté par l’incontournable Ricardo Darín – commençait comme un thriller politique somme toute classique avant de faire une embardée sur des terres plus mystiques. Almamula, premier long-métrage de l’Argentin Juan Sebastián Torales, ne procède pas autrement.
- © 2023 Tu Vas Voir Productions, Palermo Production, Twins Latin Films, Augustus Color. Tous droits réservés.
De prime abord, on croit cerner les contours du film : Nino, quatorze ans, ado malingre et mal dans sa peau, en pleine exploration de sa sexualité, est victime des brimades de ses camarades de classe. « Faut pas décoiffer la princesse ! » est parmi ce qu’il entend de plus aimable (on vous épargnera ce qu’il entend de moins aimable). Almamula pourrait donc n’être que cela : un réquisitoire sans concession sur la bigoterie et les dérives de l’éducation religieuse – on pense par exemple à La mauvaise éducation d’Almodóvar. Un plaidoyer précieux, particulièrement à l’heure où Javier Milei, nouveau et très conservateur président de l’Argentine, entend faire marche arrière sur toutes les avancées récentes gagnées, de haute lutte, par les milieux féministes et LGBT.
Et puis, en changeant de décor, en quittant son village pour l’orée du bois, Almamula se mue en fable ; les superstitions de la religion laissent place à celle des grands anciens. On dit qu’un esprit malfaisant, l’Almamula donc, rôde pour emmener avec lui tous les garnements ayant commis des actes sexuels supposément répréhensibles... Et le film de s’enfoncer, pas après pas, dans cette forêt des rêves. Almamula est un film hypnotique, et même onirique – au sens plein du terme, dont on sort la raison troublée mais les sens stimulés. Pour peu que l’on apprécie les films qui nous laissent avec plus de questions que de réponses, on saura apprécier les charmes de cette décoction à la saveur unique.
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