La fin de l’innocence
Le 12 mai 2010
Dans la veine de la nouvelle vague suédoise, Adieu Falkenberg est une première œuvre à la frontière du documentaire qui évoque une jeunesse désabusée.
- Réalisateur : Jesper Ganslandt
- Acteurs : John Axel Eriksson, Holger Eriksson, David Johnson (III)
- Genre : Drame
- Nationalité : Suédois
- Date de sortie : 12 mai 2010
L'a vu
Veut le voir
– Durée : 1n30mn
– Titre original : Falkenberg Farewell
– Année de production : 2006
Dans la veine de la nouvelle vague suédoise, Adieu Falkenberg est une première œuvre à la frontière du documentaire qui évoque une jeunesse désabusée.
L’argument : Fin de l’été à Falkenberg, petite station balnéaire de l’ouest de la Suède. Cinq amis d’enfance,
devenus de jeunes adultes passent les derniers jours de vacances dans leur ville natale.
David et Holger, les deux inséparables, trouvent refuge dans la forêt et l’océan, échappatoires
à l’avenir. Jesper ne cesse de rentrer chez lui sans que personne ne réalise jamais qu’il s’est
absenté. Jörgen finance son entreprise « Petit-déjeuner au lit », en pillant des maisons. John,
enfin, toujours de mauvaise humeur, continue de penser qu’un peu de bacon suffit à son
bonheur.
Notre avis : Adieu Falkenberg est un film de copains tourné avec et pour les amis du cinéaste, à ceci près que le récit est profondément tragique, voire pathétique. Mais jamais Jesper Ganslandt ne s’appesantit sur son sort ou celui de ses proches. Caméra 16 millimètres tenue à l’épaule, l’image est volontairement granuleuse pour effacer toute trace de mise en scène et provoquer l’authenticité. Le réalisateur, s’il s’inspire au plus près de ce qu’il a connu, n’en n’a pas moins écrit un scénario original où chaque séquence trouve sa place et se justifie en toute cohérence.
Dans Adieu Falkenberg, le cinéaste fait donc rejouer à ses proches des situations qu’ils ont déjà vécues. Par la dimension documentaire que revêt le film, on s’insinue au plus près de la réalité, si bien que l’on a parfois la sentiment voyeur d’assister à des instants de vie à la fois anodins et intimes, sans y être convié totalement. Le voyeurisme flirte avec le réalisme alors que les frontières entre le privé et le public s’estompent. On en vient à se questionner sur la nécessité pour le cinéaste de tout filmer, tout reconstituer, sans recul ni discours pour « simplement » témoigner de sa vie. On peut cependant percevoir Adieu Falkenberg comme un acte expiatoire, une alternative compensatrice à la « vraie » vie, ou une seconde chance fictive pour chaque personnages qui pourront ainsi tourner la page.
- © E.D. Distribution
On peut ainsi reconnaître à Jesper Ganslandt la sincérité de sa démarche et de sa sensibilité qui s’inscrit dans la veine de la nouvelle vague suédoise marquée par les expérimentations visuelles et les sujets audacieux (Happy Sweden et l’influence du phénomène communautaire sur l’individu). Par ailleurs, on repère chez le cinéaste une volonté de témoigner des difficultés de la jeunesse, du passage complexe à l’âge adulte, des obstacles qui empêchent de grandir sereinement. L’amitié masculine « à la vie à la mort » dépeinte dans ce long-métrage n’est pas sans rappeler celle des héros suicidaires d’Everything is fine, premier film du québécois Yves Christian Fournier. Une réalisation artistique pour dépeindre une époque désormais révolue mais qui perdure, malgré tout, par le médium cinéma. Une bien belle ambition pour Jesper Ganslandt.
- © E.D. Distribution
Galerie photos
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.