Miroir, miroir...
Le 30 avril 2009
Sans chercher à convaincre à tout prix, Happy Sweden détaille le plus objectivement possible, le phénomène de l’influence du groupe sur la personnalité de l’individu. Non dénué d’humour, le second film de Ruben Östlund se situe à la frontière du documentaire sociologique.
- Réalisateur : Ruben Östlund
- Acteurs : Cecilia Milocco , Leif Edlund, Linnea Cart-Lamy
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Suédois
- Distributeur : KMBO
- Durée : 1h38mn
- Titre original : De Ofrivilliga
- Date de sortie : 29 avril 2009
- Festival : Festival de Cannes 2008
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Résumé : L’influence du groupe sur l’individu. L’individu qui pense trop à son image. L’imbécile qui fait des blagues salaces pour amuser la galerie, deux adolescentes qui jouent aux allumeuses, la maîtresse d’école zélée qui en fait trop avec ses collègues... jusqu’au jour où les limites sont franchies. Un tableau de la société suédoise telle qu’on ne la soupçonne pas.
Critique : Involutary (titre original de Happy Sweden), le deuxième film de Ruben Östlund, questionne le phénomène de l’influence du groupe sur l’individu. Qu’en est-il de notre libre arbitre lorsque l’on est en permanence observé et jugé ? Notre responsabilité individuelle est-elle entravée ? Telles en sont les interrogations directrices. Le cinéaste choisit de montrer par le biais de longs plan-séquences, indépendants les uns des autres, des pans de la vie suédoise. À la frontière du documentaire, Östlund est dans une vision du réel tel que Lacan le décrit : « ce sur quoi on se cogne ». Car la réalité fait mal dans Happy Sweden. Ou peut-être a-t-elle juste le mérite d’être honnête ? Quoi qu’il en soit, le réalisateur présente une succession de personnages habités par la crainte que leurs faits et gestes soient mal perçus par la communauté. En conséquence, ils mettent eux-mêmes à mal leur liberté d’action et d’expression pour correspondre à l’image qu’ils imaginent que l’on a d’eux.
- © KMBO
Ruben Östlund prend beaucoup de recul par rapport à ses personnages. Nous ne savons rien d’eux ou presque. Y compris leurs visages qui, plus d’une fois, n’entrent pas dans le cadre. Leurs corps sont partiellement montrés : des jambes, des troncs, des dos mais jamais de silhouettes en pied. Ce choix relève de la volonté du cinéaste de laisser le spectateur dans la plus grande objectivité possible. Sans attachement aux différents protagonistes, il devient difficile de leur « chercher des excuses ». Aucun jugement n’est porté sur chacun d’entre eux, à nous de trancher - si tant est qu’il est besoin de le faire. Il y a bien évidemment un aspect voyeuriste à cette exposition de situations réalistes. Deux jeunes adolescentes se déhanchent vulgairement et discutent devant une webcam. Les apparences sont trompeuses puisque les princesses se questionnent anxieusement sur leur beauté. Mi-femmes mi-enfants, les demoiselles, face à leurs angoisses, resteraient bien dans l’univers magique des contes de fées parce que dans la « vraie » vie, les miroirs n’apportent pas de réponses. Il faut décider - seul - qui l’ont est vraiment.
- © KMBO
C’est donc avec justesse que Happy Sweden dépeint la dynamique du phénomène de groupe. Les situations parfois cocasses (les personnages, interprétés par des acteurs amateurs, font souvent rire malgré eux) et souvent troublantes font de cette œuvre un document réaliste à découvrir pour son témoignage enrichissant sur la Suède contemporaine.
- © KMBO
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