Le 8 octobre 2020
Après Etés anglais et sa douce langueur, voici venues la guerre et les mauvaises nouvelles, les épreuves de la vie et des heures bien sombres... Un récit toujours féministe et sans fausse note de la part d’E. J. Howard.
- Auteur : Elizabeth Jane Howard
- Collection : Quai Voltaire
- Editeur : Editions de la Table Ronde
- Genre : Roman
- Nationalité : Anglaise
- Traducteur : Cécile Arnaud
- Titre original : Marking Time
- Date de sortie : 8 octobre 2020
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
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Résumé : La tranquillité des Cazalet est menacée en ce sombre mois de septembre 1939. Les uns s’engagent sans certitude de retour, les autres s’inquiètent, tombent malades ou amoureux, s’émancipent ou au contraire peinent à grandir... Louise devient adulte ; Polly et Clary se renferment ; les enfants sont toujours de vrais garnements ; les adultes font passer leur progéniture au second plan, tous préoccupés qu’ils sont par les combats et par la politique menée par Chamberlain.
Critique : Elizabeth Jane Howard parvient, avec une justesse encore plus grande que dans le tome précédent, à saisir les tréfonds de l’âme humaine – des jeunes enfants aux adolescents, des hommes en mal d’amour aux mères préoccupées, des tantes grognons aux grands-parents vieillissants. Le portrait de famille s’élargit, gagne en champ, en couleur et en détails. Contrairement à Étés anglais, où indolence et douceur de vivre étaient de mise, la gravité est ici bien plus grande, comme en témoigne le titre. L’Angleterre est entrée en guerre, des missives apportent de mauvaises nouvelles, des bombes sont lâchées sur Londres. À Home Place, le quotidien s’organise. Les plus jeunes enfants sont d’inlassables chenapans tandis que leurs aînés tentent de faire leur place dans le cercle des adultes. Ces derniers sont plus préoccupés par leurs désirs, leur santé et leurs proches, que par les envies des plus petits qui ne semblent pas grandir, comme figés par le temps tandis que les jours filent, alanguis par la torpeur de la routine rurale en période de guerre. Entre école d’arts ménagers, institution théâtrale, demeure familiale et nids d’amour, appartements luxueux et studio londonien étriqué, les personnages dansent d’un lieu à l’autre, emmenant le lecteur à leur suite. L’auteure passe de la symphonie assourdissante au solo brillant malgré sa monotonie. Les perspectives se croisent, Louise, Polly et Clary assurant la relève et apportant des voix supplémentaires à la grande chorale, à la fois harmonieuse et tapageuse. Ces focalisations diverses apportent toutes un charme certain au roman, du piquant mais aussi de la mélancolie, de l’amour et de la douceur, mais aussi de l’âpreté et de la passion. Les bêtises des benjamins adoucissent les chagrins des plus vieux, rendent plus sucrées les effluves de la mort et enrobent le sérieux des préoccupations adultes.
Parce que rien ne l’aurait justifié, l’auteure n’abandonne ni ses énumérations ni ses phrases mesurées et précises portant sur l’organisation de la journée, des repas, du quotidien, et même de la lassitude des journées de vacances forcées, loin de la ville et des bombardiers, loin des risques physiques mais pas des menaces sentimentales. L’intelligence humaine et sociale d’Elizabeth Jane Howard, son à-propos et sa capacité à saisir les émotions et les afflictions de tout âge sont en outre soulignés par son incroyable peinture du contexte et par sa tendre ironie, qui nous font attendre le troisième tome avec impatience.
Elizabeth Jane Howard - A rude épreuve (La Saga des Cazalet II)
La Table Ronde
608 pages
135 x 220 mm
24 euros
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