À perdre la raison - Joachim Lafosse à Cannes : ça rend heureux même s’il revient sur un fait divers sordide.

Avec cet art de remuer le couteau dans la plaie, Lafosse risque de ne laisser personne indifférent en portant un certain regard sur une affaire tragique vieille de cinq ans qui défraya la chronique outre-Quiévrain.

© Versus productions - Kris Dewitte

L’argument : Murielle et Mounir s’aiment passionnément. Depuis son enfance, le jeune homme vit chez le Docteur Pinget, qui lui assure une vie matérielle aisée. Quand Mounir et Murielle décident de se marier et d’avoir des enfants, la dépendance du couple envers le médecin devient excessive. Murielle se retrouve alors enfermée dans un climat affectif irrespirable, ce qui mène insidieusement la famille vers une issue tragique.

Notes : Suite à l’annonce d’en faire un film, le dernier Lafosse suscita immédiatement un tollé d’indignation au sein de la population belge. Le jeune réalisateur belge de Nue propriété aurait-il perdu la raison en revenant sur la genèse de l’affaire Geneviève Lhermitte ; cette mère condamnée à perpétuité pour avoir égorgé ses cinq enfants... Quoi qu’il en soit, avec ce second film présenté sur la Croisette (après Élève libre à la Quinzaine des Réalisateurs en 2008), Lafosse fait à nouveau preuve de beaucoup d’intrépidité. Quant au casting à forte résonance cannoise, il met l’eau à la bouche puisque la comédienne Émilie Dequenne (Rosetta) sera opposée aux acteurs césarisés d’Un prophète : Tahar Rahim et Niels Arestrup (en lieu et place de Gérard Depardieu, initialement prévu pour jouer le rôle du médecin de famille).